Rien n’a changé, tout a changé. Cette rue est longue très longue, elle s’étend languissamment du faubourg à la porte de bagnolet. C’est la partie la plus « parisienne », ou bobo si vous voulez, enfin assez typique de la nouvelle allure du quartier Bastille sérieusement toiletté dans les années 90, devenu un « spot » comme on dit, des people y habitent, les touristes aiment y séjourner, les valises Airbnb résonnent sur les pavés à toute heure du jour et de la nuit. La rue est assez étroite, fait l’angle avec la rue Faidherbe, donne un point de vue sur le surprenant Palais des Femmes tenu par l’Armée du Salut, les trottoirs pas franchement spacieux. Le café veut vivre et rester festif, il vous « accueille sur sa grande terrasse ouverte (chauffée) avec son bar extérieur ou bien à l’intérieur, dans une atmosphère plus intimiste. » C’est resté longtemps fermé. Des travaux ont été réalisés. Le café amnésique propose une carte tendance : œuf dur bio aux deux mayonaises avec un seul N, camembert rôti, salade des cantiniers, chakchouka, L.B.E. Veggie burger, kevin fried chicken, fish and chips, l’inévitable salade César et la belle de Reykjavik ( un tartare de saumon d’Islande, aquaculture durable) le petit noir est à 2,40. Je ne m’y suis attablée qu’une fois et avant les évènements. Ce soir là, je me suis étonnée d’entendre des bruits de pétard en plein novembre. Comme pas mal de gens du quartier, j’y ai rodé un temps, pour observer jusqu’à l’abrutissement, dans l’attente d’en faire sortir quelque vérité, l’amoncellement des fleurs déborder sur les commerces mitoyens et finir par se faner, être balayé, oublié. Au mur, une fresque représente des coquelicots qui portent discrètement les 21 prénoms. Tout ce qu’il reste, ce sont ces prénoms. Les habitués sont revenus. Une jeune fille rit en sirotant son café. Une terrasse parisienne typique.
L’oubli ne laisse pas de traces.
Merci Catherine pour ce beau moment de lecture !
Merci à vous (toi?) d’être passé par là
Oui, « toi »me va très bien…si ça te vas.
oui, merci pour soulever la mémoire
il y a encore et toujours des vagues qui ne s’amenuisent que très lentement
merci Catherine, pour cette lecture
oui merci Françoise, et il y a des évènements qui s’obstinent à paraitre irréels
on pense à Martine Trollet (pour ça c’est bien) – on a fait une petite réunion des Parisien.nes atelier il n’y a pas si longtemps (pour ça aussi, c’est bien) – après, en face sur le mur du Palais de la Femme, la municipalité a collé une plaque de marbre « aux vingt-et-une vies fauchées » – ni oubli ni pardon
Des fragrances de souvenirs, des odeurs de mémoire. J’ai aimé la subtilité (presque évanescente) avec laquelle tu investis le lieu. J’ai beaucoup aimé.
Merci infiniment Jean-Luc, contente de ta réaction, le sujet étant délicat…