De la terre rouge. Et un morceau de mur blanc, qui tient telle une pointe, qui se dresse vers le ciel bleu profond. Juste cette partie isolée du reste semblerait être une toile abstraite relevée par une ligne jaune passant par le centre. Une ligne d’horizon bien verticale, à laquelle devait répondre la ligne haute du bâtiment effondré. Au pied, si on élargit le cadre, un tas de gravats. Un tas de simples grosses pierres brutes recouvertes sur les côtés d’un aplat de chaux. Ce blanc très fort et très lumineux dans ce mélange d’ocres, puis du bleu ciel, à terre, sous l’endroit où il se trouvait encore hier. Un demi-cercle bleu ciel, dans le fond de ce qui avait été le premier étage, est maintenant une alcôve et sa fenêtre dont il ne reste que l’encadré. Un ton sur ton : du bleu ciel peint de la main d’homme et le vrai bleu du ciel plus profond. De ce bleu dont nous sommes tous d’accord qu’il est la couleur du ciel. À gauche des restes du bâtiment, une grosse cloche de bronze, un peu de travers, comme si elle sonnait encore, dans cette position honteuse de ne pas avoir prévenu avant, désolée de n’avoir teinté qu’une fois qu’il était trop tard. Puis ici, un arbre penché dans son cercle de pierres, pierres rondes n’ont pas bougé — et c’est curieux — sauf une qui a, sur quelques centimètres, roulé en dehors du cercle. Autour du tout, un film plastique rouge et blanc tiré entre plusieurs piquets, le silence, le silence d’après.
Archalochori, Île de Crète, vingt-huit septembre, deux mille vingt et un
Ces couleurs lumineuses rendent la scène figée après le désastre. C’est poignant. Et la cloche de bronze forme une image très forte.