Vous les sentez pas ? Elles sont partout ! Partout tout autour de vous les ondes ! Je suis venu pour vous dire. Toi ton téléphone là, des ondes et toi là-bas aussi ! Et là encore ! Elles vous traversent, elles vous transpercent, mais vous sentez rien. Elles, invisibles, inodores, incolores, indolores, invasives, indécelables, insidieuses, elles sont flux. Je suis venu pour vous dire. Et ce qu’elles vous laissent en dépôts dans vos dedans d’humains vous le savez ? Elles vous arrachent quoi discrètement au passage à vos dedans ? C’est pollution, tu les respires pas, on sait rien de leurs ravages à ces ondes. Les ondes de ta carte bleue, celles de ton téléphone, celles de ta montre connectée, celles du GPS de ta voiture, celles de l’alarme de ton boulot, de l’ordi de ton boulot, celles de l’œil de la caméra qui t’enregistre et envoie l’image de toi au terminal de surveillance, celles qui filent dans le câblage de la ville au-dessus de ton crâne ou sous tes pieds. Je suis venu vous prévenir, je les sens. Elles me vrillent la tête, me chauffent les neurones, comme des flèches partout sur moi, atrophie de mes muscles, en plus de la fatigue de la vie. Je suis venu pour vous dire. J’entends les murmures des voix, le flux des chiffres et des formules, ça grésille permanent, ça épuise. Comme des démangeaisons, des pointes dedans. Électrosensibilité, on reconnaît pas, on prend pas en charge. Alors survivre loin, de peu, loin d’elles qui sont partout, partir pour les bords de la ville, loin des lignes à haute tension, j’ai mis ma cage de faraday. Se couper des flux de la ville. Vous dites, on sent rien, c’est mieux la vie maintenant, plus simple, ça coule plus vite. Moi, mon corps, plus en avaler de ces ondes, difforme de ces ondes. Je suis venu pour vous dire, je suis venu pour vous expliquer. La vie pas le wifi !
Il crie ça l’homme perché sur un des plots en bordure du trottoir, devant l’indifférence/amusement des passants. De la tête aux pieds, il est recouvert d’une combinaison en papier aluminium. Il brille dans le gris de ma ville.