Les pieds immobiles, coincés dans le sol comme ceux d’un banc dans un parc public, loin dans la terre et l’humus, au bout d’une rue, devant un rond-point, juste avant un feu tricolore, les vibrations des voitures dans les mollets, les genoux, les cuisses et les fesses, ou en pleine nature, prêts à prendre racine, les pieds, quand debout tout le corps s’ancre dans l’instant ; le regard accroché à un visage absent ou au vide, quand le flux de pensées sillonnent le front mais qu’au fond plus rien ne s’imprime ni ne se reflète dans les yeux posés par hasard sur le monde alentour, et l’ironie du monde qui ne fait que passer. Les effluves de gazole. Le criaillement d’un faisan. Les coups de frein légers. Le bruissement du vent dans les feuilles de chêne. Les saluts de la main. La fuite d’un animal dans le taillis. Attendre. Sans projet. Sans espoir. Sans crainte. Sans désir. Demeurer.