Prépare-toi il est l’heure. Les escaliers tu connais tu dévales la cour les pavés le garde le haut portail. Ville. Cette fois-ci aujourd’hui tu vas courir. Prépare-toi. Tu cours la ville sans trottoir terre rouge sors passe les voitures les grosses celles qui polluent passe les dépasse les écrase tu tournes. La route tu cours tu as vu les grilles le parc les gros arbres baobabs bambous les anglais avaient planté les arbres de tous les pays du monde le gros bambou celui aux milles arbres dans un arbre passe serre-toi dans les creux extirpe-toi ça fait mal cours. Cours les murs gardés cours l’université les vieux dortoirs les rideaux cloués tu vas entrer juste pour voir celle-là la petite pièce tu restes pas le rideau arraché sortie. Tu la vois là-bas la route surélevée la nouvelle les chinois aujourd’hui tu monteras tu passes les péages au cœur de ville toujours un chinois là qui guide passe oui juste là tu cours maintenant tu passes les vitres celles blindées arrêtent les balles au cœur de la ville la route surélevée les milliards de dollars toujours vides privés les voitures restent en bas. Tu vas vite très vite Mlolongo. Mlolongo le nom des camions le péage on vérifie le poids avant après la ville tu vas prendre ton poids tu te dis sortie de ville. Tu montes tu as vu légère tu veux quoi là. Les immeubles serrés dans leur rue de terre les balcons fragiles chambres à louer encore les chambres à louer les bars où on s’enivre les vendeurs de tout les viandes derrière les vitres. Mlolongo. Passe. Tu éviteras les chambres tu ne veux pas voir tu as choisi quoi tu contournes encore tu n’entres pas. Après Mlolongo les usines les cimenteries du lion Simba les poussières meurtrières tu travailleras là pollution de l’air. Tu as voulu grimper franchir arriver en haut Simba voir la ville doucement lentement tu retombes poussières. Tu as marché le grand rond-point les routes les immeubles chinois GreatWall GreatWall tu n’y vas pas le rond-point les cinq routes tu marcheras lentement les bus les petits bus les boda boda les voitures l’usine à pneu. L’usine à fondre les pneus crache la nuit se cache le jour les poussières encore ici meurtrières. Cette fois-ci tu entreras tu verras tu avais l’accès interdit. Ceux qui travaillent dedans mais aussi autour le jour dans leurs petits carrés ils vendent les pneus derrière les enfants les tôles la nuit les poussières on sait. Tu reprends la route tout droit la dernière cimenterie East Africa l’usine à poulet Ecochicks celle à huiles Golden Africa il y aura après la terre sèche jaune rouge parfois. Sur des kilomètres la brousse le prochain échangeur Machakos Makueni la petite ville autour celle des camions encore Malili des bars des vitres la viande tu entreras dans la cage à viande tu verras la ville les conducteurs et ceux qui vendent. Tu ne sors pas. Tu ne sors pas tu n’es pas sortie je ne peux pas rester là avec toi. La viande s’épaissit grossit grandit on l’a laissée là. On ne sort pas de la ville tu ne veux plus courir aux vitres tout droit la brousse la nouvelle ville la ville grandit.
Super texte, Bérénice !
Ça file dare dare et tout droit !
C’est vraiment très agréable à lire.
Merci beaucoup !
merci une nouvelle fois pour la lecture ça encourage !
Quel rythme, quelle course, quel essoufflement ! Mais cela ne nous a pas empêchés de bien regarder !
merci beaucoup pour la lecture Helena !
Présence chinoise en Afrique, pollution , exploitation … courir dire voir l’écrire… on a envie d’être dans la brousse ne plus voir tout ça oui
difficile de toujours filer tout droit ! merci beaucoup pour la lecture !
« L’usine à fondre les pneus crache la nuit se cache le jour les poussières encore ici meurtrières. » « Les immeubles serrés dans leur rue de terre les balcons fragiles chambres à louer encore les chambres à louer les bars où on s’enivre les vendeurs de tout les viandes derrière les vitres » « Ceux qui travaillent dedans mais aussi autour le jour dans leurs petits carrés ils vendent les pneus derrière les enfants les tôles la nuit les poussières on sait. » … Et la viande. On ne sort pas de la ville de ces images que tu as fait surgir de la poussière
merci Nathalie