Dans l’encadrement de la fenêtre à deux vantaux, un olivier qui occupe tout l’espace de l’œil, à première vue ; pourtant dans l’angle gauche, une trouée de ciel, un bout de toit de tuiles et sa cheminée chapeautée. Au loin, un pin parasol, et tout juste au premier plan, le grenadier aux fruits morts. Un. Tout en haut à gauche, une grenade ronde comme une prune perchée sur une branche dressée vers le ciel bleu et blanc, aux nuages diffus. Le regard englobe le vantail de gauche et quatre fruits : un deux trois. Trois autres à droite du premier, sur une même ligne oblique ; le plus haut, noir à la forme d’une goutte effondrée ; au milieu, la silhouette d’un oiseau mais c’est bien une grenade éventrée vide et sèche, tout à droite, une tache sombre. En bas du rectangle vertical, une autre grenade en forme de piaf, plus claire toutefois. Comme un moineau au plumage marron qui tournerait sa petite tête légèrement à droite. Et puis dans l’espace du vantail droit, tout un jeu de clochettes, de fruits pourris, foncés, accrochés au petit bonheur la chance aux branches fines et piquantes – effilées comme des aiguilles – qui auraient survécu aux assauts du mistral. Un deux trois quatre cinq six sept huit. Leur couleur se perd dans l’ombre des feuilles d’olivier derrière le grenadier tout effeuillé. Au total, treize enveloppes de grenades à droite ; six à gauche maintenant que je compte de nouveau… La sixième petite poche tordue et noire comme du charbon, suspendue à un fil de bois sec, surgissant du bas de la fenêtre parce que je viens de me redresser.