Port de La Rochelle, mois de mars, année 2049.
Les enfants jouent les pieds dans l’eau. On aime bien venir ici, les arcades nous offrent un peu d’ombre. On en profite, l’océan continue de monter, l’année prochaine on ne pourra peut-être plus venir. On a de la chance d’habiter près de l’océan, avec cette chaleur. Mon grand-père gagnait bien sa vie en vendant des glaces aux touristes, maintenant il faut monter au nord pour vendre des glaces, ici elles fondent trop vite, on se croirait en Afrique.
Port de La Rochelle, mois de juin, année 1914
Il faut que j’embauche deux marins de plus pour la saison prochaine, alors tu m’excuseras, mais leur guerre, j’espère une seule chose, c’est qu’elle n’aura pas lieu, moi le Keizer je m’en fous. Nous on est pêcheur, la politique, ce n’est pas pour nous, alors pose ce journal et vient m’aider. Et arrête de rêver à un glorieux destin au combat, tu crois qu’il y a des héros dans la vraie vie. Prépare deux soles et un trois maquereaux pour l’hôtel, et dépêche-toi, avec cette chaleur.
Port de La Rochelle mois de mai, année 2022
Une boule de cassis, et une vanille. Deux boules de chocolat blancs et une pistache. Ne vous inquiétez pas, et le petit ? Une boule de fraise, une boule de barbapapa, OK c’est parti.
Tu crois qu’il va se souvenir de tout maman ?
Mais oui, c’est son métier.
Regarde, c’est parfait.
Prends une serviette, je te dis.
Pas de serviette, pas de glace.
Elles sont trop bonnes.
Port de La Rochelle mois d’avril, année 1792
Je suis fier d’embarquer sur le Saint-Jacques, c’est mon premier embarquement, j’ai quatorze ans. Je m’appelle Gabriel, comme l’archange. On emmène des nègres à Saint-Domingue, on va les charger à Dakar, après on traversera l’océan. Ce sera ma première traversée, les matelots rigolent, ils croient que j’ai peur. Dakar, ils me disent que là-bas, il n’y a que des noirs immenses, on est des nains pour eux, et qu’ils ont vu des marins s’enflammer au soleil de midi, tellement qu’il faisait chaud, comme du papier dans une cheminée, pfff, il ne restait qu’un tas de cendres noires.
Sauts dans le temps, à cloche-pieds sur une marelle fantastique. Belle expérience.
Laurent, tu nous fais voyager !
Merci pour ces chroniques…
Ce qui est bien avec les consignes c’est qu’il n’y en a pas deux déroulées de la même façon. Et la manière dont tu t’es approprié de celle-ci le prouve. Très beaux textes ! J’aimerais en savoir plus sur La Rochelle en 2049 ; on en saurait, par la même, un peu plus sur le monde entier !
temps divers soudainement raccourcis
magnifique voyage, beaucoup aimé ces secousses dans le temps