caractères
initiales
Dora
vers la plage
de famille
plus au nord
des cendres
juste avant la nuit
deuxièmes rôles ou silhouettes
chanson
quelques semaines
petits cailloux
nuance
assise jamais
suprême
viscères
dans les bleus
instruire
dans le dur
n’en rien dire
tourner de ton nom
travail en cours
encore rien
il y a des trucs insupportables – des trucs : il y a aussi un métier (j’en connaissais un qui le pratiquait, son prénom vient de me revenir J-Y, qui vivait dans les hauts de Montreuil en soixante-quinze marié à une jeune femme accorte – Magui peut-être bien) titré truquiste (il doit y avoir une nomenclature, une corporation, quelque chose) – par exemple dans cinéma il y a mouvement, et pas seulement à l’intérieur du cadre, mouvement du cadre lui-même – c’est ça, le cinéma, le mouvement du cadre – elle y allait quand elle avait quinze ou seize ans, avec ses amies qui avait le même prénom qu’elle – comme elle est de vingt-six tu vois où ça nous emmène, le cinéma – mais des trucs insupportables il y en a par exemple chez Pialat (toujours le poing levé, tsais) quand Yanne fourre sa grosse main dans le slip de Jobert pour se rendre compte et s’assurer qu’elle l’a trompé ou pas : ce genre de truc, tu vois – ils n’ont pas vieilli ensemble, non, mais ce genre d’action qu’on demande aux actrices (et aux acteurs) de pratiquer – quelque chose d’obscène sans doute – j’ai vu il y a peu son « à nos amours » abject tout autant : les coups portés quand on sait la suite de la vie de la Bonnaire, ça donne peut-être à réfléchir – il y a des trucs comme ça, insupportables, je dis la Bonnaire comme je dirais la Callas ne va pas me faire croire que tu ne comprends pas ce que je raconte – parfois je code mais parfois je parle en clair : il y a une nouvelle donne, c’est que je pose « Echoes » pour l’exercice – et on ne va pas tout garder comme on sait – il y a donc au début du film (j’ai arrêté je n’ai pas une heure non) ces balayeurs et l’image est accélérée et tu vois ça, c’est insupportable – il y a des choses comme ça, on ne revient pas dessus c’est fait c’est dit – insupportable parce que ça a quelque chose d’assez amusant, au fond, comme quand un type (ou une fille) se casse la figure comme on dit, ça veut dire qu’il tombe (elle aussi) – c’est amusant et indigne – on s’en fout, c’est vrai aussi ça n’a aucune importance, c’est comme une petite pelure, je me souviens du petit canif qu’il avait dans la poche de son gilet, probablement non loin de sa tabatière, et dont il se servait pour tailler son crayon, des petits pelures, il traçait une petit cercle tout autour et partait de là pour tailler la mine aiguë il devait écrire je suppose – il y a quelque chose de l’hommage dans le fait d’apprendre aussi à parler la langue qu’ils et elles employaient ainsi que les Ukrainien.nes d’aujourd’hui qui parlent forcément un peu pas mal beaucoup le russe malgré ce qu’ils (et elles) en subissent – tu vois ça la guerre, comme quelque chose d’absolument tourné vers ce que nous sommes, toujours, restés devenus notre futur normal et adopté – non, mais tout ça pour dire que le cinéma en sera aussi, qu’il devrait en faire partie, avec ses Tyrone Power ou ses Spencer Tracy si tu préfères – ses Linda Darnell aussi bien – c’est que à cette époque-là elles n’avaient la possibilité de ne voir que des films américains (c’est un peu plus tard, après guerre comme on dit, elle a cessé d’aller à l’école on se demande bien ce qu’elle faisait , elle disait en riant qu’elle schtrattait, nous on disait qu’on séchait, comment disent les jeunes gens aujourd’hui c’est équilatère – il faut bien que je leur emprunte un peu de leur vocabulaire) – au bout de l’avenue qui donnait sur la mer, après le pont, après la route, ils ont construit une espèce de mur (c’est un peu comme la guerre, les murs, on n’y échappe pas) – en revenant de la mer, c’est une voie en impasse à présent : c’est cette intelligence-là – cette façon de construire pour empêcher de vivre libre (de là à dire qu’elle et lui ont bien fait de partir
C’est toujours beau, nostalgique et beau, textes et images qu’ils suscitent. On a envie d’aller voir ou revoir les films, suivre le petit bout ce chemin que tu nous fait apercevoir. C’est ta fenêtre sur la vie.
Merci à toi Helena