Elles sont trois. Trois adolescentes dans les années soixante-dix. À découvrir le monde, les gens, la peur de vivre, l’envie de vivre et le rire. Z’êtes pas cap, avait dit Christiane. C’est toujours elle qui lançait les idées les plus saugrenues, qui prenait le plus de risques, qui sortait des sentiers convenus. Alors elle leur lance un défi et les défie à leur tour pour proposer un truc à faire, qui sorte de l’ordinaire.On va dans une librairie et on pique un livre. Elle avait pas dit voler, piquer, ça faisait moins peur. À toi Mary propose quelque chose. Eh bien le livre piqué on va le lire et le déclamer sous le kiosque à musique place Jean-Jaurès. Hélène hoche la tête et propose alors : ensuite on le laisse là et on prend en photo la personne qui part avec On la suit, renchérit Christiane. D’accord ! et on met un petit mot dans sa boîte aux lettres ou sous sa porte pour lui demander de payer son livre et de remettre l’argent à l’endroit où elle a trouvé le livre le lendemain. Avec l’argent, on achète un bouquet de fleurs et on va au cimetière du Crêt de Roch et on suit un enterrement, n’importe lequel, un qui nous plaît, ou qui n’a pas grand monde. Entre chaque proposition, les rires fusent et elles se sentent bien. Elles ne savent plus de qui viennent les idées. Oui mais si elle nous met pas d’argent… On réessaye avec une autre ! Mais on lui demande de l’argent tout de suite ! Et après l’enterrement qu’est-ce qu’on fait ? On passe la nuit au cimetière et on chante pour toux ceux qui sont là ! Oui et puis on écrit l’histoire, enfin on invente leurs vies et on fait un livre !
Où tu vas Christiane ? Piquer un livre !