A la fenêtre d’une maison de village, un jeune homme se penche sur un couple qui marche dans la ruelle, son visage est joyeux, il esquisse un sourire, l’homme et la femme lèvent les yeux vers lui, la femme ne remarque pas les clés de huit, de dix, de douze alignées par terre près de la moto et les bouscule en riant. Dans la boulangerie, le même couple s’attarde devant la vitrine et s’interroge sur le choix des gâteaux pour leur repas de midi. Ils s’accordent sur deux « exotiques » à la mangue, la noix de coco et l’ananas, ainsi que le précise l’étiquette apposée devant chaque ligne de gâteaux, et une tropézienne ventrue chargée de crème au beurre. Avec la baguette que l’on nomme ici « festive », ils règleront la somme de neuf euros et quarante centimes. Entretemps, un homme est entré dans la boutique avec un sourire complice à l’adresse de l’une des vendeuses. Celle-ci lui explique que le panneau « bon anniversaire » est dans la boîte, elle joint le geste à la parole, à côté du gâteau que seul le client verra. Sur le chemin du retour, une femme lève les yeux à l’approche du couple, elle a le nez enfoncé comme écrasé, elle sourit, un murmure, en réponse leurs lèvres bougent dans un même mouvement, le soleil tape déjà fort. Il est onze heures. La petite Renault 8 bleue, comme neuve, stoppe devant eux dans la ruelle. Un signe de la main, un pas de côté et le conducteur reprend sa route. C’est dimanche. Il fait beau. Il y a de la joie dans l’air.