J’ai trouvé pour nous un endroit où vivre. Bien sûr ce n’est pas trop grand, et puis l’isolation peut mieux faire. J’entends au dessous le son du flamenco que Madame Thouilliez met à tue tête pour faire son ménage. On dirait que ça ne te dérange pas, tu dors. Dehors M. Riveiro met les tables, mais les maudites serviettes lui jouent des tours, s’envolent tandis que les pigeons guettent. Avec ce vacarme jamais un client ne se risquera. Alors on a peine à entendre – mais on entend tout de même – Louise et son caddie baladeur. Tous deux montent l’escalier, c’est jour de marché. Le pas est lourd, ce doit être des carottes, ce doit être des choux, des pommes de terre, et peut être des fleurs. Presque midi, samedi. S’il se doute, Gilles aura sorti le vase sur la table avant de s’enfoncer dans le canapé, pour lire son journal, au grésillement d’une radio qu’il a oubliée d’éteindre dans le salle de bain.