Il ne faudrait attendre que dans des endroits plaisants. Pour les transports en commun à Lissieu, on a le choix. Certains sont agrestes et charmants, d’autres plus animés, certains à déconseiller absolument parce sans abri, sans ombre ni banc. Attendre à Monfort, Plambeau ou Chamagnieu c’est un bol d’air de la campagne, Bois-Dieu n’est pas mal non plus, il y a de grands arbres. Lissieu-Montluzin et chemin de Montluzin sont nettement moins réjouissants, en bordure de zone commerciale, près de point P où circulent artisans et bricoleurs en mal de fournitures pondéreuses, près des hangars Chronopost Lyon-Nord, la logistique à votre service pour que vous n’attendiez pas ; à éviter aussi le Nélie, la réserve et pire encore La chicotière au bord d’un grand rond-point très passant. Si on aime l’animation, c’est Lissieu centre mairie qu’il faut choisir, c’est le cœur de la vie locale : la pharmacie, la fleuriste, la mairie, la salle de sport, le dojo, la crèche et la bibliothèque en contrebas, Vival à peine plus loin et une vue privilégiée sur le patrimoine de Lissieu, les célèbres tours qui sont l’emblème du village. La gare de Dommartin-Lissieu a son charme aussi, le charme des stations au milieu de nulle part où passent peu de trains : parkings, immeubles hight-Tech, hôtel au milieu des champs comme un début de film ou de roman noir. C’est dommage d’aller au plus près de chez soi comme si on n’avait pas le temps, on a le temps puisque c’est pour attendre. Il existe aussi une innovation charmante créée par le réseau des transports en commun lyonnais, les bornes « TCL à la demande », juste un repère fiché en terre, un point de rendez-vous plus qu’une station pour attendre. Dans les zones et aux heures où les bus sont peu fréquents, voire inexistants, il est possible d’appeler un chauffeur particulier qui viendra vous conduire à un arrêt mieux desservi. Ils attendent vos appels dans leurs véhicules de transport collectif, moins grands que des bus. Ils attendent les uns à côté des autres sur le parking du cimetière de Limonest pour desservir Lissieu. Dans une approche systémique du monde, pour diminuer l’attente des uns, pas d’autres solutions que de faire attendre les autres. O n pense toujours à sa propre attente, mais celle des autres qu’en sait-on ? Attendre devient un métier, de contrôle, sécurité, protection, surveillance, tous ces « debout- payés » qui attendent que ça se passe. Qui attendent de nuit comme de jour, dans la foule ou dans la solitude. Ils attendent, c’est leur travail.
* le terme n’est pas de moi, je l’emprunte à Gauz, auteur du livre debout-payé où il relate entre autre son expérience de vigile
De Lissieu au contenu politique de l’attente, c’est un vrai chemin à lire sans attendre, un traité de l’attente où l’échelle du village, du bourg, est celle de l’univers,
Merci Catherine. Il faudra que tu viennes un jour à Lissieu en voisine.
Je commence à m’attacher sérieusement à ce Lissieu. Et c’est drôle car tu abordes tout avec un ton délicieusement détaché que j’affectionne aussi. Belle expression que ce debout-payé. « Ils attendent près du cimetière » comme par un fait exprès… et toujours si détachée…
Merci Catherine. Tu me touches de t’attacher à Lissieu. Il ne me reste que 20 propositions pour en faire le tour.
Ils attendant vraiment au parking du cimetière qui est le terminus et la ligne « normale » et où il y a des toilettes (très important les toilettes pour les chauffeurs de bus…et tu imagines pour les femmes qui conduisent des bus !)
J’avais beaucoup aimé aussi la lecture de Debout Payé de Gauz