La moquette au sol ne renvoie rien. Les carreaux de plastique réfléchissent la lumière des néons suspendus très haut au-dessus de la tête. Ici personne n’a vraiment bonne mine. Les figures écrasées par les carrés lumineux équidistants les uns des autres, séparés de plaques carrées aussi, mais pas lumineux. Entre la moquette, les carreaux de plastique et les néons, des rangées de sièges. Des assises un peu fauteuils. Dessus des gens. Des quidams. Certains lisent livres ou magazines d’autres grignotent, d’autres encore fouillent dans leur petit bagage. Une dame sort un pull. Un monsieur se lève et fait quelques pas en rond. Cela sent très fort le parfum comme au rayon parfumerie des grands magasins. C’est entêtant. Quelques personnes tournent autour de rayons remplis de paquets de cigarettes, de bouteilles d’alcool, de flacons de parfum, de barres de chocolat. À côté, les enfants se dressent sur leurs sièges prêts à bondir, à sauter sur la moquette. On les rattrape d’une main. Ou on les conduit d’une main vers les toilettes après avoir posé le doudou sur le siège. L’entrée des toilettes à la lumière douce, orangée et violacée, un mélange chromatique apaisant, l’endroit où changer de siège. Les conversations silencieuses qui faisaient le bruit d’un petit moteur s’interrompent. Et c’est parce qu’elles sont interrompues que l’on se rend compte qu’il y avait ce petit bruit de fond comme lorsqu’il y a une panne d’électricité. Mesdames, messieurs, nous allons procéder à l’embarquement du vol…
Je décolle, bravo.