Quand chez soi est d’abord un décor. Étrange expérience d’un voyage itinérant où, quel que soit le lieu du retour en fin de journée, il est toujours le même – une chambre dans un motel de la chaine S. Nous quittions notre chambre le matin, le lit défait, les serviettes utilisées au sol, la clim fermée. Nous rendions la clef à la personne de l’accueil, nous reprenions la voiture louée et nous partions vers de nouvelles découvertes. Las Vegas, Bryan canon, Zion canon, Grand canon, Beaver Creek ou Salt Lake. De pures merveilles ! Mais ce qui était étrange c’était retourner à la chambre. Ce n’était pas vraiment un retour, l’endroit n’était pas le même. Mais une route très large, longue droite qui scindait le paysage en deux quel que soit l’endroit, mais le logo de la chaine de Motel, bleu et rouge sur fond blanc, mais un parking couvert de gravillons devant un bâtiment blanc, tout en longueur, un étage avec un balcon, toit plat, mais l’accueil, à l’angle du bâtiment, la clef avec son porte clef en bois, et derrière une chambre, au rez-de-chaussée, rangée, le lit refait, couvert d’un jeté à fleurs assorti aux rideaux, toujours les mêmes, le lit à gauche en rentrant, deux appliques en forme de tulipe au-dessus et deux tables de chevet de part et d’autre avec dans le tiroir une bible, un bureau à droite avec sa chaise, une penderie, en face la porte qui donne dans la salle de bain, le parquet, clair, et une impression agréable de fraicheur en entrant, la clim fonctionnait. Nous avons changé huit fois de lieu d’ancrage durant ce périple. Nous avions toujours la même chambre.
Huit trajets différents, huit retours à la même chambre. Étrangeté américaine.
Merci pour ce texte insolite !
Un soupçon d’étrangeté dans ce voyage en boucles. J’ai beaucoup aimé.
Et qu’avez vous fait de vos jours, qu’avez vous fait de vos nuits ?
Merci pour ce texte