Butte-témoin. Vieux noyau perché de la ville. Maison des enfants confiés en surplomb. La façade et les toits n’ont pas beaucoup changé depuis l’ouverture après la guerre. Ravalements quand même, quelques fissures. De la grande fenêtre vitrée à l’étage, la fondatrice battante a regardé les premiers adolescents courir pour attraper le Refoulons, place de la gare. Devant le bâtiment : muret sur lequel les enfants s’asseyaient pour attendre les parents qui jamais ne reviendraient des camps de la mort. Muret qu’on voit longer l’histoire quand on se retourne en coupant le grand virage pour rentrer chez soi à pied après la journée de travail dans la maison des enfants dits « placés » à ce moment-là. On voit que la ville s’est propagée, mangeant l’ancienne voie ferrée. Ce sont les bus qui font la navette entre le haut et le bas. Une fois la place de l’ancienne gare traversée, l’avenue Emile, bordée de hautes demeures anciennes se déroule doucement et le poème de Pottier ma propriété n’a pas de murs c’est l’espace accompagne la marche. A mi-avenue, la statue du philosophe un peu penché sur les plantes signale d’un côté le lycée qui porte son nom et de l’autre, l’Hôtel de Ville entouré d’un parc bien entretenu. De grands arbres et le kiosque pour se retrouver. Plus loin, la rue du Contrat social. Passer par le parc pour rentrer chez soi avec en tête l’adolescent révisant ses textes dans la maison des enfants confiés. Le philosophe a écrit un traité sur l’éducation tout en ayant placé ses cinq enfants aux Enfants-Trouvés. Allée de tilleuls. Statue du chien de pierre sur son socle comme dans le domaine d’Armainvilliers. Au sortir du parc, la rue commerçante donne sur la place des Cerisiers. Envie de continuer, ne pas rentrer tout de suite. Rue qui porte le nom du philosophe, en pente. D’un côté, une école élémentaire publique puis, de l’autre, un périmètre classé : la petite maison de l’écrivain traqué est à présent un musée doublé de la Maison des commères devenue centre de documentation spécialisé. En descendant encore un peu, on découvre les flèches de la collégiale. Quelques adolescents de la maison iront demain au lycée professionnel de la place au Pain mais là c’est la halte devant le tympan occidental : Martin y coupe en deux son manteau de pierre et en face, au lointain, apparaissent d’un côté la nébuleuse parisienne et de l’autre les collines de Sannois, non loin d’Argenteuil. Temps de refaire le chemin dans l’autre sens, vers la place des Cerisiers avant d’emmener devant le tympan une prochaine fois les enfants confiés.
Très forte présence de ces enfants confiés. Merci pour eux de s’en souvenir.