Mes bonnes dispositions n’ont ni le temps, ni la permission de s’épuiser naturellement ; les mauvaises, en revanche, en ont plus qu’elles n’en demandent. Or, ainsi que je peux le calculer d’après ce Journal, je souffre d’une disposition de ce genre depuis le 9, cela fait presque dix jours. Hier, une fois de plus, je me suis mis au lit avec une tête pleine de feu, j’en venais déjà à me réjouir de ce que la mauvaise période fût terminée, et à craindre de mal dormir. Mais cela a passé, j’ai assez bien dormi et mon sommeil est mauvais. Attrapé, aussitôt la consigne lue, ce Journal posé sur mon bureau, ouvert sans réfléchir page cent quatre-vingt dix-sept et recopié le paragraphe sur lequel mes yeux se sont posés. Un coup d’œil à la date : 18 décembre, l’année je ne la connais pas et tourne les pages à rebours, pour m’apercevoir presque aussitôt qu’elle est mentionnée en petites capitales – année 1911 – en haut à gauche sur la ligne de la pagination. Je suis au soleil sur la terrasse, au sud, il est 9 h 10 exactement quand je commence à recopier ces phrases publiées par Les Cahiers Rouges, chez Grasset, traduites par Marthe Robert. L’air est chaud, le thermomètre annonçait ce matin onze degrés à huit heures et demie. Le coucou coucoule tout près, une pie jacasse au loin, devant moi sur la haie végétale, les abeilles butinent.