#40jours #18 |  I’m goin’ home.

I’m goin’ home. Tous les soirs. Antienne. Du blues. Retrouver. La maison perdue. Sortir du boulot. Parking. Souterrain. Emplacement vélos. Défaire le cadenas. Enfourcher. Rampe. Petite vitesse. Très raide. Porte basculante. Se lève. Doucement. Passer. Se baisser. La rue. Frais. Vent. De Gramont. Quelques mètres. Trottoir. La rue du Quatre-Septembre. Piste cyclable. Couloir de bus. Flux. Autos. Plus beaucoup. À cette heure de la nuit. Pédaler. Calme. Trajet. Vingt minutes. Total. Environ. Pas si facile. Choisir. Le plus plat. Passer la Bourse. Stop. Feu rouge. Pensée. Victor Hugo. Un autre cycliste. Me double. Grille le feu. Repartir. Vers le Sentier. Rue Réaumur. Entrée du métro. Dans un immeuble. Quelques mètres. Obliquer. Rue d’Aboukir. Faux-plat. Les entrepôts. Du Sentier. Des cintres sur les trottoirs. Épars. Par-ci, par-là. Du plastique. D’emballage. Déchiré. Mannequins. Derrière les vitrines. Nus. Genrés. Étrange. Visions. Pas un chat. Peu de cafés. Ouverts. Crochet. Rue Saint-Denis. Belles de nuit. Fument. Encoignures. Carrefour Strasbourg-Saint-Denis. Boulevards. Portes. Monumentales. Circulation. Attention. Ouvrir les oreilles. Les yeux. Dangers. Se rassurer. La petite chanson. De la peur. Ritournelle. Dans la tête. Presque la moitié. Du chemin. Laisser filer. Les bus. Angles morts. À gauche, une place. La rue de Lancry. Magasin de pipes. La Bouffarde. S’être attardé. Souvent. Vitrine. Passer. Faux-plat. Cafés. Ouverts. I’m goin’ home. Chantonner. Encore. Lancry. Après Jacques-Bonsergent. Direction. Canal. Rats. Autour d’un cageot. S’éparpillent. Devant les roues. Pont tournant. Canal. Aimer traverser. Hôtel du Nord. en vrai. Miteux. Film. Reconstitué. Studios. Pourtant là. Piège à touristes. Cinéphiles. Là. Trajet. Entamer. La partie montante. Grange-aux-Belles. Changer de braquet. Souffle. Hôpital Saint-Louis. Penser cancer. Monter. Souffle. Carrefour. Échapper Colonel-Fabien. Couper. À droite. Vicq-d’Azyr. Plat. Souffle. On approche. Déjà Belleville. Belleville du dixième. Bas Belleville. Sent l’écurie. I’m goin’ home. Piste cyclable. Boulevard de la Villette. Zigzaguer. Camionnette. Garée. À cheval. Plat. Va monter. De nouveau. Traverser. Rue Rebéval. Ça remonte. Sec. Tournant. La partie années mille neuf cent soixante-dix. Tours. Petites barres. Lascars. Deal. À droite la rue Rampal. Restaus chinois. Ouverts la nuit. Ça descend. Un peu. Souffle. Rue de Belleville. Dernière remontée. Courte. Cour Lesage. Quarante-six. Passer la barrière. Relevante. Accrocher. Le vélo. Grillage. Prendre le sac. Entrer. Escalier. Large. Bois. Ciré. Troisième. Droite. Vingt minutes. Fatigue. Content. Souffle. Frais. Vent.

A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.

28 commentaires à propos de “#40jours #18 |  I’m goin’ home.”

  1. J aime beaucoup ce texte plein de petites touches avec la chanson en arrière plan qui résonne.. merci

  2. Un beau blues de nuit, Fil ! Qui traverse plusieurs ambiance, j’aime beaucoup.

    • Merci beaucoup, Muriel !
      Oui, la ville et ses ambiances changeantes, chaque nuit différente.

  3. Je m’épuise le sourire aux lèvres, à te suivre dans ce texte, bravo, pourtant je ne suis pas un fanatique du vélo. super.

    • Bien sûr !
      J’ai entendu un blues assez rythmé…
      Merci à toi, Catherine, pour cette interprétation sensible !

  4. C’est réussi et c’est très beau. Toutes ces pensées qui traversent l’esprit dans cette ville qui convoque tant de souvenirs et de sentiments contraires. On vous suit parfaitement (et, en tant que cycliste parisien, je m’y retrouve complètement !)

    • Bonjour Xavier
      Un grand merci pour votre message !
      J’ai essayé d’être vraiment précis et j’ai aussi lâché un peu la bride à mes visions.

  5. Pour le coup, moi aussi j’halète en même temps que votre personnage ! La consigne va comme un gant à votre écriture syncopée, discontinue si vivante, et la lectrice que je suis galope à combler les interstices entre chaque instant saisi 🙂

    • Sophie, votre commentaire me fait vraiment très plaisir.
      Vous êtes entrée dans le corps de ce texte et, à la fois, vous avez par vous-même comblé les interstices de ses facettes.
      Merci mille fois !

  6. Une impression de viande hachée sans la viande (c’est très personnel comme impression). J’aime beaucoup. La rythmique fonctionne à merveille. Merci Fil pour ce beau texte.

    • Bonjour JLuc,
      Je trouve ton message ce matin et il me fait vraiment plaisir !
      Merci.

    • Bonjour Clarence,
      Merci pour ton message, il me va droit au cœur !
      Bonne journée à toi aussi.

  7. en dansant en chantant… en roulant ( léger et grave ) ça donne envie de se lever et d’ aller par les rues sans se retourner