Je ne peux pas rentrer chez moi sans monter, ou descendre selon l’endroit d’où je viens. Il y a toujours de la pente. Attention, je n’habite pas en montagne, je vis à la côte 275 au-dessus du niveau de la mer et les rues, routes, chemins les plus en pente de la commune ne dépassent pas les 8 à 10 %. En vélo, en trotinnette ou à pied, on sent que ça monte ou descend, en voiture par temps de neige et de verglas aussi.Le plan de prévention des risques recommande la prudence sur le chemin de la Clôtre,la Buchette, la rue Mozart, l’impasse Vivaldi, le chemin de la Miraillette, le chemin du vieux puits, le chemin de Chamagnieu,le chemin de la Cotonnière… C’est ce qu’on appelle un paysage vallonné. D’ailleurs j’habite chemin de la tappe qui veut dire petite colline et que souvent les étrangers orthographient mal, trappe, tappa, tape, tant il paraît étrange et inusité. Trop peu vallonné pour apparaître vraiment dans la toponymie, il n’y a que les chemins de bellevue (pour accéder à Bois Dieu) et de la miraillette (pour accéder à la clôtre) pour signaler une jolie vue (de mirail, jolie vue). Peu de terrains plats à Lissieu, de beaux points de vue pour peu qu’on ait une terrasse comme la villa bulle ou un belvédère bien orienté comme le château de la roue sinon il faut choisir d’habiter dans la pente ou dans un trou.
Rien de bien exceptionnel dans cette commune qui culmine à 371 m dans la montée Limonest et s’abaisse à 200 m au bout du chemin du roty, au pied des monts d’or dont le plus haut sommet ne dépasse pas 626 m. Non rien d’exceptionnel, la grande affaire c’est l’histoire géologique qui, dit on, a façonné le paysage. Il y a trente millions d’années, la grande faille de Lissieu releva de plusieurs centaines de mètres le socle hercynien du sud-est de la commune ; elle sépara ses contreforts des Monts d’or des couches calcaires et marneuses du secondaire du nord-ouest. Et au quaternaire le glacier descendu du Mont-Blanc boucha l’exutoire de la Saône et transforma la plaine au nord de la commune en lac léchant les flancs des monts d’or. Dans la plaine broutaient éléphants, rhinocéros, chevaux et mammouths. Aujourd’hui l’érosion a raboté tout ça en vallonnements fort semblables malgré des substrats très différents. Les collines de la roue et de la clôtre sont calcaires quand de Plambeau et du bois d’Ars à Bois Dieu on descend dans une pente douce entaillée de vallons creusés dans le gneiss. Autrefois les paysages en étaient différents, maigres cultures, pâture et bois sur le gneiss, vignes, vergers et cultures sur les calcaires. Aujourd’hui c’est partout que gagnent les pâtures et que les bois et vergers reculent. Les chevaux sont partout, mais plus d’éléphants ni de rhinocéros laineux, pas plus de mammouth.