Elle balaie rapidement autour du fauteuil, rince le lavabo et attache ses cheveux rouges et mi-longs. Elle invite une jeune fille à enfiler la blouse qu’elle maintient ouverte entre ses bras. Elle l’installe sur le fauteuil, va chercher son charriot de rangement noir à trois niveaux. Elle en sort une paire de ciseaux et un peigne qu’elle pose à portée de main. Elle rapproche un tabouret à roulettes, en règle la hauteur, s’assoit et lance alors c’est aujourd’hui qu’on coupe court ?
Le casque écrase son épaisse chevelure. Elle étale une couche de mortier, pose une brique et tapote dessus, en vérifie l’horizontalité, la verticalité, et recommence. Elle est fière de son travail, maintenant elle tient un bon rythme. Elle ne s’arrête plus quand elle sent la fatigue crisper les muscles de ses bras. Ne pas faiblir. Pas devant eux qui se moquent pour ne pas montrer de l’admiration… waouh ! Tu te la joues mec ?
Des yeux noir d’ébène, des cheveux chocolat, un teint couleur café, un sourire ivoire. Une femme toute en rondeurs. L’accent rocailleux, la voix grave et sonore. Un euro, vous pouvez payer avec une carte, c’est là. Elle pose son balai. Vous êtes pressés, un besoin urgent. Elle ne l’est pas, son urgence est ailleurs. Du matin au soir elle nettoie vos urgences en rêvant d’un petit coin où elle verrait le soleil se lever.