Elle tient la brosse dans ses mains gantées. Des gants de vaisselle, jaunes. Les boilles d’abord puis la brouette. Ne pas toucher le produit avec la peau, ne pas s’ébouillanter. Elle frotte puis elle rince, les couvercles aussi. Elle est pliée en deux. Le bras qui frotte est plus musclé que celui qui tient. La brouette, les boilles, les couvercles et les machines à traire. Matin et soir elle frotte.
À genoux dans le champ, elle avance. Elle ôte une feuille puis la suivante, aligne bien les côtes et pose un paquet toutes les trois ou quatre plantes. Il faut nettoyer, on n’en est qu’aux feuilles du bas. Les mains deviennent noires, collantes, elle se les lave avec de la terre, continue à avancer, à genoux, tente d’éviter les cailloux, les chardons, les limaces, elle avance à genoux dans le champ, tout ça pour que ça parte en fumée.
Un corps plié en deux dans un jardin. Elle avance avec lenteur dans les haricots. Un geste vif pour les séparer de la plante puis les jeter dans un bidon. De temps en temps, elle se relève et elle pose ses mains sur ses hanches. Elle regarde si en face la voisine n’est pas aussi dans ses haricots. Elles se sont relevées en même temps : je finis ce bidon et après je viens.