Est ce qu’elle se dit qu’elle est boulangère quand elle arrive le matin et qu’elle enfile sa blouse et sa calotte sur laquelle est écrit le nom de la boulangerie. Elle devra dire combien de fois aujourd’hui c’est à qui le tour et avec ceci ce sera tout. Est ce qu’elle a l’impression de collaborer avec le boulanger, l’apprenti boulanger à créer du lien social dans le village, dans la rue dans le quartier ? Est ce qu’elle fait le même métier que la femme du boulanger ? C’est quoi le métier de la femme du boulanger d’ailleurs ?
Il n’y a pas un seul jour ou quand elle commence il fait jour franchement jour. Elle est souvent la première dans la rue, la première dans le bus, la première à enlever l’alarme. C’est elle qui entend les silences du bâtiment, les murmures visibles dans les poubelles, elle qui a tracé un parcours précis pour traquer les traces de la veille avant que tout le monde n’arrive et pour que chacun pense qu’il a une autre chance aujourd’hui de redémarrer une page nouvelle, la poubelle est vidée, le bureau est nickel. Elle participe au jour infini. Elle est la seule à connaitre l’envers du décors. Le début de la journée.
Elle sort d’abord les plantes qui ont le moins besoin de lumière, celles qui sont sur le chemin de l’entrée du magasin, celles qui ne craignent ni la chaleur ni la pollution ni le bruit des trams tous les 7 minutes, ni les pas pressés, les démarches abrutis, les allures rendus bêtes, les jeunes énergies qu’elle apercevra du fond de son comptoir parfois quand quelqu’un poussera la porte du magasin quand quelqu’un se sera rendu compte ah mais il a un fleuriste ici ?!
ça y est je m’y mets à tout lire pour la semaine pro. T’avoir vue, te lire, contente!
C’est très beau… je suis impressionnée par la seconde strophe, la mélodie superbe du traçage qui se déroule… Merci Léa !