Le regard au sol, elle contourne l’escalier le corps déformé par le poids de l’aspirateur de chantier porté à une main Elle déroule le fil électrique pour aller enfoncer la prise dans le mur. Dans un vrombissement sonore elle active courbée une chorégraphie des deux mains des mouvements rapides et répétés en aller et retour, le balai plastique qui tape au sol, sables fugaces dans le tuyau bâton de pluie. Elle arrête l’aspirateur, puis part chercher sur son chariot un spray désodorisant parfumé vanille coumarine.
Neuf heures. Des accents, des femmes discutent et rigolent. La porte de service ouverte exactement où le bâtiment principal de l’hôtel décroche sur le trottoir à l’abri des regards. Tous les âges et plus de cinquante, quatre femmes serrées dedans dehors, blouses ouvertes et sans blouse, ça fume, ça parle fort sur le pas de la porte. Elles se retrouvent pour la première pause depuis six heures.
Vous n’avez pas pesé les melons. L’agent de sécurité intervient. Vous n’avez pas pesé les melons, oui c’est ça, regardez, vous n’avez pas pesé le melon. La caissière lui dit que les melons n’ont pas besoin d’être pesés, c’est à la pièce. Alors c’est le dernier article. La caissière lui montre que tout est rentré dans l’ordre. Il s’éloigne. Une connaissance l’interpelle : Alors t’es ici maintenant ? Oui je suis ici, et le reste du temps au cinéma en centre ville.
Bravo, je vois ces scènes.
Oui, on voit les scènes mais CGR de quoi s’agit-il ? Merci !
Chez moi CGR c’est un multiplex de salles de ciné. Et oui on voit bien les scènes et la lassitude aussi. Merci Michael