Depuis quelque temps, je tente de saisir quelque chose par l’écriture. Un carnet dédié, y noter des horaires, précis à la minute sur des événements simples, pour pouvoir y lire un temps qui s’y dépose. C’est un combat avec le temps, mes retards, qui m’a amené à ce rendez-vous, une discussion avec un ami : parfois un horaire, un fait, parfois l’heure du réveil suffit… Pour pouvoir tenir ce rendez-vous quotidien, bien loin de la littérature, j’ai toujours ce carnet dans un sac. Je m’assoie dans la rame de métro et au moment où tous les yeux se baissent sur les écrans, je fouille un peu frénétiquement (le temps du trajet est compté) pour saisir le carnet, facile, mais le stylo, plus difficile. C’est au milieu de la foule, de toutes ces présences anonymes, tenues pour un temps autour de moi que je me sens en confiance pour m’autoriser à écrire, ce rien, cet anecdotique du temps qui passe. Beaucoup de bruit, sonnerie, bousculade et odeur d’un intérieur caoutchouteux vont être un moment pour l’écriture. Des portes qui s’ouvrent et se ferment, des quais habités, des silhouettes en attentes, redécouvrir les couleurs des sièges des stations de métro, cohabite avec un travail de mémoire de la veille ou du jour. Le temps du trajet devient le lieu.
« Le temps du trajet devient le lieu » C’est essentiel, ça ! Merci