Rester. Plusieurs mois. Écrire dans la rue. Debout. Trottoir. Appuyé. Chaque jour ouvré. Plateau. Grande fenêtre. Juste la bonne hauteur. Immeuble. Bureaux. Dix-neuvième siècle. Rue de Choiseul. Descendre fumer. Descendre. Carnet. Stylo. Écrire dix minutes. Descendre du travail. Du bureau. Du cassetin. Pause. Trois quarts d’heure. Parfois étirée. Rester. Là. Avec les fumeurs. Qui bavardent. Petite nuisance. Vagues de bruits. Floues. Porteuses. Fumer. Aussi. Écrire. Plus longuement. Voitures. Passent. Se garent. Piétons. Bavardent. Pardon. Se pousser. Légèrement. Écrire. Réfléchir. Mot suivant. Lever le stylo. Tirer. Sur la cigarette. Jeter les mégots. Dans le caniveau. Revenir. Au carnet. Remplir de signes. Minutes après minutes. Jours après jours. Parfois non. Ne pas rester. Debout. Fixe. Partir. Balade. Quartier. Métro Quatre-Septembre. Prédilection. Passage Choiseul. Papeterie. Magnifique. Lavrut. Acheter. Matériel. D’écriture. De dessin. De peinture. Bon client. Petite fortune. Parfois non. Aller à la boulangerie. Sandwich. Gâteau. Manger. En marchant. Pas pratique. S’habituer. Parfois. Pousser. Jusqu’au Palais Royal. Banc. Pas d’écriture. Là. Trop beau. Pas assez de temps. Ne pas aimer écrire sur un banc. Ne pas y arriver. Pas faute d’essayer. Ou bien. Petite promenade. Un quart d’heure. Vers l’opéra-Comique. Librairie Théâtrale. Puis revenir. Mon écritoire. Ma fenêtre. Parfois. La place est prise. Rarement. Chercher une autre fenêtre. Moins pratique. Plus basse. Moins large. Inconfort. Râler. Écrire quand même. Replacer. Carnet. Stylo. Dans les poches. Du perfecto. Remonter au bureau. Au cassetin. Retrouver. Les camarades. Correcteurs. Ne jamais écrire au bureau. Travailler. Corriger. Faire son service. Reprendre. Rarement. Le texte du jour. Une fois rentré. À la maison. Laisser infuser. Jusqu’au lendemain. Continuer. Comme une obligation. Largement consentie. Avancer le recueil. Écriture. Rythmée. Lente. Régulière. Nourrie. Par ce quartier. Par le travail. Par l’écritoire-fenêtre. Par les personnes autour. Par la station debout. Expérience. Presque une année. Sinon. Écrire. Appartement. Quarante-six. Rue de Belleville. Cour Lesage. Les moments fériés. Les congés. Retoucher. Compléter. Ouvrir. D’autres chantiers. Chez soi. Les matins. Mais. Ne jamais pouvoir. Écrire. Ailleurs. Dans le quartier. Essayer à La Vielleuse. Trop de bruit. Brasserie. Trop connue. Ne pas arriver. Me couler dedans. Toujours être happé. Devoir payer un café. Des verres. Pas de place sur la table. Promiscuité. Distractions. Impossible. Essayer la bibliothèque. Aller jusqu’à Colonel-Fabien. Descendre la rue de Belleville. Prendre à droite. Trottoir de gauche. Passer la rue Sambre-et-Meuse. Le Buisson-Saint-Louis. Aimer la promenade. Un gros quart d’heure de marche. Carnet. Stylo. En poche. Bibliothèque François-Villon. Bâtiment. Parallélépipède. Vitres. Acier. Années soixante-dix. Plusieurs salles de travail. Bonne ambiance. Ne jamais réussir. À écrire. Trop de silence. Relatif. Trop de livres. Trop de gens qui travaillent. Fauteuils. Trop confortables. Étouffer. Pas de table seul. Repartir. Après avoir feuilleté. Des magazines. Des livres. Après avoir lu. Un ou deux chapitres. Quelques poèmes. Pas écrit. Un mot. Décidément. Écrire. C’est dans la rue. Se lever. Préférer se balader. Sortir. Monter. Aux Buttes-Chaumont. Prendre l’air. Acheter un journal. Continuer le recueil. À la maison. Sinon. Écrire. Deux cent quarante haïkus. Dans le métro. Le RER.
tu as publié juste avant moi !!
et je te rejoins dans ton style dépouillé inimitable, incomparable, d’ailleurs un peu sec et qui nous remet tout de suite à notre place, et qui parvient à raconter vraiment…
Le « Debout » revient souvent chez toi, il m’est resté en mémoire
et on suit bien tes tentatives diverses
en fait je trouve qu’on ressent bien la difficulté d’écrire
Je vais aller de ce pas lire ton texte.
Mais avant, je te remercie pour ton retour !
Oui des tentatives diverses qui n’ont pas donné grand chose… et cette façon d’écrire debout pendant les pauses du boulot qui s’est carrément imposée à moi… étrange !
Écrire n’est pas facile pour moi, mais tellement fort et riche et intéressant et très agréable !
C’est sûr que tu as un style très personnel que j’aime.
J’aime toutes ces tentatives avant de reconnaitre que pour toi, l’écriture se fera debout, presque entre deux portes.
Oui, Véronique, c’est vraiment ça l’écriture quasi entre deux portes, quand ça n’est pas chez moi.
Merci mille fois pour ton retour !
Merci de livrer tes rituels d’écriture de façon si brute, vraie, implacable. (Je rêve d’en avoir!!)
Merci à toi, Rebecca !
J’aime beaucoup toutes ces interactions qu’on a dans l’atelier !
C’est passionnant, ces quarante jours non stop…
Ce debout, comme tu le traites ! Plus encore que le écrire. L’écriture de ce corps que tu tiens debout. Merci. Passionnant. L’acharnement du corps avec ces minis phrases et ces infinitifs secs.
Merci mille fois, Anne, pour ce retour élogieux.
Ça me fait très plaisir !
J’ai choisi ce parti pris d’écrire en facettes,
J’espère que ça tiendra jusqu’au bout…