Il n’y a pas beaucoup d’activités qui me fasse plus gamberger que le désherbage. je ne fais plus de ces désherbages complexes comme celui des carottes, je ne sème plus de carottes. Chaque fois que je désherbe me revient le souvenir d’un jour où j’ai désherbé les carottes avec mon père où j’étais sans cesse à me dire que c’était très fort d’être capable de reconnaitre la plantule de carotte parmi les mauvaises herbes. La plantule de carotte est fine et fragile, si fine et si fragile, non pas qu’on la confonde avec une autre mai sa ténuité conduit à l’emporter avec n’importe quelle autre plantule, un peu comme dans un jeu de mikado où la baguette qu’on bouge imprudemment peut emporter toutes les autres. Peut-être une seule fois, un matin avant de partir à l’école,j’avais sept ans peut-être, une fois marquante infiniment. Désherber est une activité satisfaisante et insatisfaisante à la fois, jamais tout faire propre, souvent impossible, faire de son mieux en pensant à laisser de la place à la plante qui pousse. Parfois la racine de l’adventice ne vient pas en entier et c’est une grande douleur, ça va repousser et ça ne fait pas propre, se consoler de la masse enlevée et tenter d’oublier ce qui reste ce qui étouffe. J’étouffe comme les plantes d’intérêt quand je désherbe, une sorte d’empathie se développe très profonde qui heureusement ne dure pas. Imaginez se sentir en empathie avec toutes les plantes qui étouffent, en vouloir à celles qui prennent le dessus, les arracher sans même y penser dans les endroits les plus incongrus, désherber les parterres devant une salle de réception ou les parterres de la ville il faut se contrôler se méfier de soi-même, avoir une certaine dignité et essayer de ne pas y penser. Quand c’est trop dur quand ça tourne dans la tête sans s’arrêter j’ai d’autres routines pour me calmer; la meilleure est sans aucun doute le travail de force celui qu’on accomplit avec un marteau, un burin , une perceuse, ça calme énormément; bien sûr je n’ai pas toujours à disposition de tels travaux durs. il y faut aussi une certaine continuité et un partenaire; une fois qu’on a cassé, percé, décollé, il faut reprendre et je suis mauvaise constructrice. La satisfaction de la tâche accomplie est un baume incomparable sur les maux de tête. Par maux de tête j’entends ces pensées obsédantes qui envahissent. On peut courir, faire le ménage, ranger, l’effet est tout contraire : le petit moteur dans tête s’emballe et ne laisse pas tranquille. J’aime me battre aussi, chuter, me relever. Me battre physiquement j’entends. Je fuis les joutes verbales qui sont des occasions de se prendre la tête. N’allez pas en conclure que je termine toutes les discussions par une agression; je suis directe et un peu brusque, mais je me contrôle et de toute façon ni la violence ni les mots ne permettent de conclure. Si ça continue dans ma tête, mais quand même quand c’est un peu plus calme j’écris, j’écris pour mettre au clair, j’écris comme aujourd’hui j’ai fait du carrelage toute la journée (faire sauter des carrelages pour les remplacer vous ne trouverez personne pour le faire, il faut le faire soi-même ou tout remplacer ce qui est un gros gâchis et une forte dépense), ayant fait du carrelage toute la journée, je suis apaisée, sereine, fourbue, disponible et contente d’écrire un peu n’importe quoi sans m’arrêter. Ça vide, c’est important de vider de temps en temps, d’appuyer sur le bouton resset et de repartir; C’est comme couper le courant. Il faut de temps en temps débrancher sinon c’est la surchauffe, état que je ne déteste pas s’il ne dure pas trop. Trop longtemps la surchauffe endommage et ne s’éteint pas d’elle -même. De la difficulté à couper il faudrait en parler aussi je crois que c’est une chose qui s’apprend comme le contrôle de tous les états mentaux; déjà percevoir qu’on est en surchauffe n’est pas toujours facile, il faudrait un voyant, parfois l’autre vous le signale parfois non surtout si vous êtes seul puis accepter de couper, car il y a un plaisir non négligeable à être en surchauffe. Je vous rassure, je ne suis pas bipolaire, je pense que tout le monde connaît ces variations d’humeur et d’activité cérébrale, c’est la condition des êtres vivants. Mon chien est obsessionnel par exemple et il n’est pas facile de le calmer quand il rapporte pour la centième fois le bâton qu’il attend que je lui relance. Il est jeune, il a besoin de se dépenser, mais je fatigue et lui a la langue pendante. Mon père qui était vétérinaire disait toujours que certains chiens pouvaient s’épuiser à jouer, s’épuiser jusqu’à en mourir. Moi je sais que les états d’hyperactivité (cérébrale, je ne suis pas dut out hyperactive dans la vie) me sont fatals. Je ne peux plus rien faire, ni lire, ni écrire, ni rien de tout ce qui fait mon quotidien, c’est pour cela que je m’en protège. Tout va bien mieux quand on se connaît.
De la plantule de carotte au connais toi toi-même. En passant de castagne à carrelage. Sans voyant de surchauffe et avec chien obsessionnel. Quel voyage ! Merci Danièle
merci Nathalie. je crois que j’ai confondu 14bis et 15. j’ai écrit au fil des mots en croyant que c’était la consigne