Elle est partie dès qu’elle a pu, vite, en courant et en laissant tout derrière elle. Seule avec les deux enfants encore en pyjamas sous leur manteau leur cartables au dos. Elle m’a décrit ce qu’elle voulait que je prenne à l’appartement, tout ça de manière brouillonne et surtout, surtout y aller tout de suite avant qu’il rentre, avant qu’il installe sa mère dans les lieux pour surveiller dès qu’il aurait un soupçon.
J’y vais, je n’ai pas les clefs, elle n’a pas fermé derrière elle, sans savoir comment est agencé son ex lieu de vie. J’ai mis une tenue standard, de celle qui rende anonyme, monté les escaliers sans croiser personne. Devant la porte j’attends un moment guettant le moindre bruit. C’est encore une porte d’entrée que l’on peut ouvrir de l’extérieur, sans clefs, avec une poignée. Je sonne malgré tout et sans réponse au bout de dix minutes, j’entre. Les clefs de l’appartement sont accrochées à l’intérieur de la porte, je les laisse, elle n’en aura plus besoin. D’abord les papiers d’identité, le passeport sur lequel les enfants sont inscrits. Ils sont dans son sac à main qu’elle n’a pas retrouvé, énervée et stressée dans la panique de la fuite. Dans le salon rien même sous les fauteuils. Dans la chambre non plus mais sur une commode j’attrape les carnets de santé et au revers de la couverture la carte vitale est rangée. Je trouve un grand sac de voyage dans le placard du couloir comme indiqué et je passe dans la chambre des enfants et fourre rapidement quelques vêtements, deux ou trois peluches qui dorment sur leurs lits. Et je repars à la recherche du sac dans lequel il y a ce qui est le plus précieux. Le tiroir du bureau est un peu dur à ouvrir mais je peux y prendre le livret de famille. Reste que la salle de bains et la cuisine. Je m’inquiète de son sac. Ne l’a-t-elle pas perdu pendant la course éperdue vers chez moi ? Dans la salle de bains je prends soin de ne rien bouger ni les brosses à dents ni son maquillage afin de donner l’impression qu’ils ne sont pas loin, pour créer un espace avant la traque. Reste la cuisine. J’ouvre tous les placards et enfin le sac, pourquoi là ? avec sa carte d’identité, le passeport, la carte bancaire d’un compte créé en cachette pour un départ, glissée dans la doublure, pas de permis, elle n’a jamais eu le droit de le passer, le chargeur de son téléphone qu’elle a déjà dû éteindre et le tube de fond de teint dont elle ne se sépare jamais, bien foncé pour atténuer les marques.
L’idée de confusion renforcée par les découvertes des pièces des objets dans des endroits improbables … envie de lire d’où ça vient où ça va, donc chouette fragment !
bien foncé pour atténuer les marques… Chapeau pour la chute !