Dans la voiture, sur le contact, le trousseau de clefs. Par réflexe elle avait refermé la porte en soulevant la clenche ce qui avait eu pour conséquence le verrouillage automatique des portes. Le moteur tournait et le réservoir était plein. Le double des clefs était à huit cents kilomètres d’ici, dans la maison, sur le meuble de facture espagnole du petit salon, dans la coupe en porcelaine que lui avait offerte Andreas. Elle ne pouvait même pas justifier du fait que la voiture lui appartenait. Ses papiers étaient dans la boite à gants, dans une pochette Renault en plastique noir – carte grise, assurance et permis de conduire. Son téléphone portable trainait sur le siège avant droit. La voiture était garée devant un bar tabac. Après une brève hésitation elle y est entrée et a demandé si elle pouvait téléphoner. Elle a dit sa galère. Un garçon d’une trentaine d’années accoudé au comptoir devant une bière à moitié éclusée l’écoutait. Il a demandé au patron s’il n’avait pas un porte-manteau en fil de fer. Il lui a expliqué sur le ton de la confidence qu’il sortait de prison après deux ans d’enfermement pour vol avec effraction mais qu’elle n’ait pas peur il était un repenti – il a ri – et que si elle acceptait son aide il pouvait lui ouvrir la voiture sans clef. Il a sorti de sa poche-revolver un portefeuille en cuir marron patiné. il en a extirpé une enveloppe pliée en deux et mis en évidence ses papiers d’identité – carte d’identité, permis de conduire – ainsi qu’une carte pass de chambre d’hôtel où il séjournait sans doute. Le minimum vital et l’envie de montrer, de lui montrer que maintenant il était clean, le besoin de justifications. C’est une lettre de recommandation pour un boulot. Elle lui a souri.