« Je ne suis pas tranquille. Assis. Sur la partie haute. Du terrain vague. Au-dessus de Paris. L’escalier de la rue Vilin. À ma droite. À ma droite. Aussi. Le grand toboggan. À trois pentes. Successives. Assis. Par terre. Sur la terre. Battue. Du terrain vague. En pente. Accentuée. Forte. Descente. Assis. Plongé. La rumeur. Persistante. De tout Paris. Je ne suis pas tranquille. La rumeur. Envahit. Mon crâne. De tout Paris. Qui bruit. Continu. Assis. Je l’entends. La rumeur. Je l’écoute. La rumeur. Obligé. Comme un souffle. Accentué. La rumeur. De tout Paris. À mes oreilles. Continue. Je ne peux pas. Ne pas l’entendre. Prend mes oreilles. M’inquiète. Je ne suis pas tranquille. Même si. Même si. Une voiture. Çà ou là. Passe. Moteur. Fait bruit moyen. Contre la rumeur. De tout Paris. Ça me prend. Me vrille. J’aimerais bien. Inviter quelqu’un. À l’entendre. Ou seulement moi. Ou une amie. À l’écouter. Pourquoi pas. Il faudrait tenir. La rumeur. S’obstine. S’obstine. Continue. Ne s’arrête pas. Elle bruit. Je ne suis pas tranquille. Assis. Seul. Avec la rumeur. Sourde. Présente. Ne lâche pas. Ma tête. Pleine. De la rumeur. De tout Paris. Varie. En continue. Variation. Même si. Même si. Groupe d’enfants. Criaillent. Crépitent. Au toboggan. J’aimerais bien. Éviter. Tout Paris. Qui souffle. Continu. À mes oreilles. Pas détachable. Elle s’épand. La rumeur. Tous les bruits de Paris. Un seul. Murmure énorme. Pas dissociable. De ma tête. Prise. Éprise à l’envers. Pas autrement. Assis. Seul. Je ne suis pas tranquille. Même si. Même si. Un chien. Errant. Passe. En silence. À côté. Me frôle. En silence. Je n’entends pas. Le silence. La rumeur. M’a pris. C’est tout Paris. C’est pas. Discontinu. C’est pas. Intermittent. C’est pas. Entrecoupé. C’est pas. Alternatif. C’est pas. Des sauts. Des va-et-vient. Des Pointes. Des accalmies. Bruit blanc. La rumeur. Sur le terrain vague. Ne lâche pas. Je suis assis. Seul. J’entends. Je ne peux pas. Ne pas écouter. Je ne suis pas tranquille. Envahi. Même si. Même si. Un adolescent. Frotte un fer. À béton. Sur les palissades. Rouillées. Son sec. Tranchant. La rumeur couvre. S’impose. Est là. Perpétuelle. Souffle. Un peu rauque. La ville. En dessous. Tout Paris. Monte à mes oreilles. S’acharne. Me déstabilise. Je frémis. Tremble. Un peu. Absorbé. Je ne suis pas tranquille. Ne me bats pas. Étrange. Cette rumeur. Comme si tout Paris. En une fois. Prend possession. Ma sensibilité. Auditive. Ou bien. Tout le monde. Tous les passants. Tous les habitants. Comme une mer têtue. Comme un ressac. Non alternatif. Je ne m’habitue pas. La rumeur. Collée. Je ne suis pas tranquille. Même si. Même si. Mes dents. Claquent. Je les entends. Bruit faible. Aigu. Résonne dans mon crâne. Ne surpasse pas. Tout Paris. En un seul bruit. Lancinant. Me prend. Bruit. Blanc. Blanc. Ne cesse pas. Ne surgit pas. Est là. De toute éternité. La rumeur. Depuis le haut terrain. Vague. »
C’est superbe Fil, j’ai été complètement embarquée, à l’affût de la rumeur. Bravo
Muriel, un grand merci à toi !
Je viens d’écrire ce texte à l’instant et je suis encore essoufflé…
Je comprends que tu sois essoufflé après ce texte !
Formidable cette rumeur lancinante. Bravo Fil.
Un grand merci, Michael !
Ton retour me touche beaucoup.
je ne sais rien de la 14bis, je sais que ton texte emporte (si je n’avais pas le souffle coupé…) je le chanterais volontiers .
Nathalie, rien ne pourrait me faire plus plaisir que cet « oratorio » soit chanté !
Si tu veux le faire, sans rire, je ne demande pas mieux…
Si tu as un micro et un enregistreur…
En tout cas, mille mercis !
Quelle inquiétante rumeur. Merci Fil pour cette expérience de lecture forte.
Bonjour Romain
Merci à toi pour ta lecture.
Ton retour me touche !
Elle nous prend aussi, ta rumeur, elle nous enserre la tête et le corps, et le souffle
super réussi
(même si je ne sais pas d’où sort cette proposition #14bis ?? tu m’expliqueras par mail hein ? j’ai dû rater une marche, une case, que sais-je ?) et puis si on rajoute des bis, ça va faire deux par jour, alors là !!….
Merci pour ton message, Françoise ! Je suis content !
(Je t’ai répondu par mail et sur Facebook pour l’histoire de la # 14 bis…)
c’est vraiment comme une mer, le bien que ça fait ce quatre temps, et puis c’est le côté de Paris que je préfère, tout en haut cette cavalcade de sons, c’est prenant ça te vide. vraiment merci FIL
Je suis vraiment content que tu aimes ce texte, que j’ai beaucoup aimé moi-même, l’avoir fait.
Merci Françoise d’apprécier cette colline de Belleville que j’adore.