Ce n’est qu’une petite tache bleue, presqu’imperceptible au premier regard. Mais une autre la rejoint sur la peau blanche, s’élargit en tons gris-violet sur les bords. Entretemps. Les feuilles blanches aux caractères noirs circulent d’une machine à l’autre, s’accumulent sur les étagères des gens aux yeux fermés. Les petites taches bleues ont le temps de s’évanouir, devenir jaune-perle, absorbées par l’espoir. Entretemps. Les feuilles blanches aux caractères noirs reprennent leur chemin morose, circulent entre les bien intentionnés qui voient dans le bleu la couleur du ciel immobile. Les petites taches grises ou bleues ou jaune-perle (qu’importe) ont disparu. Pas besoin de s’inquiéter. On peut attendre. La couleur bleue est si éclatante et sonore. On la reconnaitra parmi tant d’autres, le rose violacé, par exemple, ou l’obscur couleur d’orage. Les feuilles blanches aux caractères noirs sombrent dans l’attente et dans l’oubli. Les grands bobos font des taches bleues énormes sur l’enfance, c’est normal, on n’a pas fait attention, on n’a pas été sage, on a perdu la poupée qui gît seule cachée dans la grande armoire de la chambre. Le bleu est devenu invisible sous la peau. Entretemps. Les feuilles blanches aux caractères noirs bavent l’irrémédiable. Les petites taches bleues se désintègrent en silence. La ville s’endort sous le bleu de la nuit.
Mystérieuses couleurs des blessures, celles de l’âme à jamais invisibles. Très fort, merci Helena!
Merci, Michael !
le bleu variable, j’aime beaucoup cette balade douce amère,
J’ai essayé d’écrire une histoire derrière la description, parce que l’horreur est indicible, mais mes moyens techiques sont encore limités. Contente que vous ayez aimé !
j’ai goûté le mystère, n’ai pas cherché à comprendre, me suis laissée guider par tes petites taches bleues ou jaune perle
glissade rêveuse jusqu’à désintégration…
Merci de ta lecture, Françoise, et merci aussi d’avoir si bien décrit : « Glissade jusqu’à désintégration », c’est tout à fait cela !
c’est super mystérieux… oui « ce bleu variable » comme dit Catherine, c’est vraiment doux et léger, comme un air iodé qui passe sous la peau
L’histoire que j’ai voulu raconter sous ces bleus meurtris est tellement cruelle et odieuse que je n’ai eu que ces mots-là pour la dire. Merci, Françoise !