Il s’agit ici d’un mur rose constitué de parpaings gris. Pourquoi est il rose? Parce que je me suis levée de bonne humeur et que je n’ai pas envie de parler de gris. Donc je l’ai peint en rose. Pourquoi avoir parlé des parpaings gris alors? Parce qu’un mur ça ne tiens pas qu’avec du crépi … c’est aussi simple que ça! Et puis ne suis pas maçon mais à ma connaissance il n’existe pas de parpaing rose! Pour finir, cela pose le cadre: le mur rose constitué de parpaings gris qui entoure le vert jardinet de la petite maison rose rue des perruches bleues . Ne me demandez pas pourquoi une maison? Pourquoi est elle rose? Pourquoi rue des perruches? Pourquoi sont elles bleue? Parce que. Parce qu’il me plaît ce cadre, fin des débats! Je le trouve en accord avec ma bonne humeur. Et parce que cela nous prendrait la journée entière en tergiversations Croyez-moi, nous avons bien mieux à faire (surtout moi).Faites moi le plaisir d’arrêter avec vos questions stupides et contentez vous du cadre puisqu’il est question de couleur ici! Donc le mur rose est gris. Il n’est pas uniformément gris. C’est là que cela devient intéressant. Je ne suis pas maçon mais laissez moi vous expliquer que les parpaings sont fait de béton lui même constitué d’un mélange, d’eau de sable de gravier et de ciment. Sur ce mur, gris, on peut différencier les parpaings gris et le ciment , gris lui aussi, qui permet de joindre les parpaings et donc au mur d’exister. Le ciment dessine une fine trame géométrique entre les parpaings rectangulaires. Appelons les différents gris gris parpaing et gris ciment. Le gris ciment est un gris plutôt clair, minéral. Nous pourrions nous lancer dans la constitution du ciment lui même mais j’ai grand peur de nouveau vous perdre… cependant pour saisir l’essence profonde du gris ciment il est essentiel de ne pas négliger les deux états extrêmes auquel il est soumis. Le premier liquide: dans le seau lorsque la truelle le gâche ( bon, je vous l’accorde: je ne suis pas non plus totalement dilettante en maçonnerie) le gris ciment est un gris brillant, pétillant, précieux. Il miroite, joue avec la lumière scintille en éclats argentés Couleur gris acier d’une mer d’orage, gris soyeux de l’otarie, lorsqu’elle glisse hors de l’océan, sur un rocher. C’est presque surprenant de voir comme il devient gris ennuyeux une fois séché. Le gris ciment est alors plus uniforme, il perd ses reflets, se transforme en un gris figé, pâle, mat et terne. Un gris jaune. Comme le sable du désert, un jaune sec de ne pas avoir été assez hydraté aux reflets ocres tirant sur le cramoisi que lui a tracé le soleil au zénith. Un jaune brûlé, presque brun, biscuit, trop cuit. Mais c’est aussi un gris verdâtre au teint du souffreteux, du mourant. Gris maladif, émacié, pâle presque fantomatique. Gris cireux, gris terreux. Le gris parpaing, quant à lui, est plus foncé, un gris plus dur, plus acéré. Cela tiens du fait que c’est lorsque le gris ciment a la souplesse du gris otarie et n’est pas encore gris maladif qu’on y rajoute eau sable et graviers le figeant sous la forme de béton. On pourrait dire que ce traitement le fortifie et le sauve. Il devient gris caillouteux, gris anthracite, gris sombre. Si vous tendez l’oreille vous l’entendrez gémir en griffant les parois de la bétonnière qui le façonne. Il garde la fraîcheur et la pétillante du gris ciment, les fige dans la roche, sous ses aspérités rugueuses. Si vous regardez bien, juste là entre les graviers prisonniers à sa surface, un fugace éclat métallique survit encore dans le gris parpaing en mémoire de ce que fut la jeunesse du gris ciment.
Et le rose dans tout ça? Une autre fois! Pour le moment j’ai bien mieux à faire!