La couleur ici est le jaune, celui qu’on appelle « jaune d’or » mais il eut mieux valu peux être commencer son exploration par un nom où le soleil aurait sa place, quelque chose évoquant l’astre, en tous cas, tant il semble impossible de faire abstraction de lui pour décrire cette couleur. On se serait ensuite questionné sur ce soleil. Des soleils, il y en a des milliers, partout à travers le monde. Celui ci est il un soleil du nord, celui qui ne se couche jamais l’été, au delà du cercle polaire ? Est ce un soleil urbain ? Un soleil de vacance ? Un soleil de produit vaisselle ou de crème solaire ? Ce jaune ci n’a rien de commun avec ces soleils là. Lui est un « jaune brûlant », intensément, dramatiquement brûlant. De l’objet sur lequel ce jaune est posé, émane une chaleur vibrante et la question se pose : cette chaleur est elle dans la couleur ou dans la lumière qui l’éclaire? Sans lumière pas de couleur. L’inverse est vrai aussi mais les peintres s’accordent sur la primauté de la lumière, c’est elle qui donne la vie. On pourrait, en touchant le métal rouillé du bidon sur lequel on l’a peint, se brûler la main sur cette couleur, tant elle irradie. On entend presque un grésillement, comme celui d’une crêpe au beurre dans une poêle. Que nous dit la lumière du contexte dans lequel existe la couleur qui, forcement, la définit, en partie? Ici, c’est un jaune ocre plein de sable et de particules de terre sèche, comme flottant à sa surface, comme déposé là par un vent millénaire ou soulevé par les sabots d’une horde de cavaliers. Qu’on le veuille ou non, à la regarder, cette couleur, des images surgissent. La couleur et la lumière génèrent donc des images qui, à leur tour en produisent d’autres et nous emmènent parfois très loin. Ici, c’est le désert, évidemment, les dunes de sables qui répondent aux dunes de sables, à l’infini, avec, de loin en loin, un groupe de bédouins cheminant sur leurs chameaux. L’objet sur lequel cette couleur est posé induit lui aussi le désert. Il y a du pétrole dans ce baril, quoi d’autre ? La rouille qui parsème ce jaune l’a comme grillé, carbonisé mais par taches seulement, parfois petite, comme des points, parfois large comme des plaques. C’est comme une maladie, si tant est que la vieillesse soit une maladie, comme un processus en cours, qu’on ne voit pas se développer, donc lent. On assiste seulement à un moment de son évolution, comme pour les stalagmites et, forcément, on se sent tout petit. Ainsi la couleur est aussi du temps. Empilés les uns sur les autres, les barils sont prêt à partir. L’un d’eux cependant n’est pas jaune. Beaucoup plus rongé par la rouille que les autres, la couleur qui surnage sur lui est le bleu. Et avec lui, la mer fait son apparition dans le récit, ainsi que les navires et les hommes qui les pilotent à travers les tempêtes.
Un barils de soleil n’est pas seulement une crêpe au beurre c’est aussi la mer… couleur espaces temps quel beau voyage dans la matière
La couleur du temps ? Avec ton baril, j’ai un instant hésité avec le jaune du symbole radioactif…