Passer de nuit pour les voir quand la lumière vient de l’intérieur, et que roulant en voiture sur le boulevard, car on n’est jamais à pied ici, on tourne la tête vers ces bouches de lumières colorées, rappelant les tableaux de Claude Viallat, des bouches, des éponges, on ne sait plus, et peu importe la forme c’est sa régularité et les couleurs apparues qui appellent, couleurs d’aquarelle aux tons pastel mélange de tons avec des rouges, des bleus et une majorité de verts quand même, et cela fait comme de la lumière qui se débattrait encore un peu avant de s’éteindre, mêlée au désir de redonner vie aux murs d’une ville que l’on a si souvent déclarée noire et le musée de la mine situé juste en face ne viendra pas me contredire avec désormais tous les tons de rouille se mariant aux gris et noirs de sa fonction, alors là, devant ce mur irisé, on se dit que les murs ne font pas qu’empêcher d’être, qu’ils ont aussi un rôle de miroir et que regardant avec davantage d’attention on recueille un peu d’espérance, ou alors ce serait les mots qu’on associe aux illusions ainsi offertes qui s’enroulent , lierre de rêve autour de cette centaine de taches colorées, peut-être un peu trop régulières, lierre de pacotille mais qui permet de reprendre de l’élan, et même si les mots ne sauvent pas, ils permettent d’avancer.
Claude Viallat j’y suis ! Et je vois tout à fait ces formes ces bouches éponges … je note aussi qu’un texte où on se parle à soi-même ainsi demande d’avoir franchi des paliers importants un peu comme un plongeur en apnée qui trouve son bon équilibre à une certaine profondeur.