Toutes les maisons sont blanches. Elles ont bien été peintes en blanc, c’était écrit sur le pot. Je suppose que lorsque le maçon en sortait le rouleau, il en coulait du blanc. Puis, il l’a étalé sur le mur. Et le mur est blanc. Suivant les heures du jour et de la nuit, ce n’est plus le cas. Cette femme habillée en rouge passe le long du mur et celui-ci se teinte de rose pâle. L’ombre bleue d’une mobylette, et le brillant reflet de son rétroviseur, un jaune très pâle, tellement pâle qu’il finit par devenir un blanc puissant comme si le blanc de départ avait été nettoyé en profondeur et ainsi retrouvé. Le point source du blanc dans lequel se réfléchissent les spectres de nos passages, de nos jours et de nos nuits. Une rayure. Un frottement. Du tabac craché. Du café renversé. Une étreinte déteinte. Une fissure grise et verte, mousseuse qui s’élargit lentement comme une maladie. À côté, une autre fissure comblée de grosse bave blanche, trace d’arsenic aux coins des lèvres noires. Vient l’heure spectrale, commence le voyage dans le champ chromatique. Déplacés, les contours de nos ombres, photométéores, se teintent de toutes les couleurs. Phosphorescences des corps-prismes. Et pourtant dans le pot, c’était bien du blanc, c’était écrit dessus.
amoureuse du blanc, je me suis jetée sur ton texte
cette capacité qu’il a de prendre la couleur de l’étreinte…
merci Romain
tu fais surgir du fantastique de ce pot de blanc, saisissant,
Romain, tu es allé dans le domaine du blanc. C’était un défi, duquel tu te sors haut la main !!
Très très fort texte, merci de te lire !