Elle l’aperçoit dans le caniveau. Un galet rond. Rond et blanc. Percé de deux petits trous à des endroits opposés. Quel chemin a-t-il parcouru ? Tombé d’une poche ? Du seau d’un enfant ? Petite elle ramassait à pleine main les gravillons des places et des allées, les enfouissaient dans ses poches de manteau ou d’imper, le rose à large capuche. Puis elle a collectionné les galets de la plage à la faveur d’une baignade ou d’un coucher de soleil amoureux, ceux aux formes insolites, aux stigmates laissés par leurs voyages. Celui-ci est lisse, semble doux à porter dans la paume de la main, léger à glisser dans un sac. Avait-il exploré la profondeur des mers, le ressac des marées, connaissait-il l’inexploré ? Loin de la plage il attend qu’elle s’en empare, le dépose sur d’autres matières. Sera-t-il aussi immaculé sous une autre lumière ? Il lui racontera une histoire, celle de leur rencontre dans cette rue déserte, lui remémorera ce jour où elle s’est perdue dans une ville inconnue. Il serait sa bouée, éclipsant les égarements furtifs, gommant les doutes qui l’étreignent trop souvent.
joli ton galet à glisser dans un sac
et si tu te rapprochais encore et encore, jusqu’à perdre la vision de ses contours et te perdre dans son corps de pierre, dans ses veinules et ses stries et son histoire ancienne ?….