vingt-deux juin
se saisir d’un des petits bouts de cailloux qui crissent sous les pneus
d’un des petits grains de sable qui brûlent la plante des pieds
derrière les rochers on n’est plus protégé des méduses
le choc électrique de la piqûre – application d’une pomme de terre coupée
où s’était-il procuré ces trois albums de Tintin ?
son absence sans image
les romans d’aventure et d’espionnage et les grands détectives bédés
cette tasse de café qu’elle tient en main avec sa clope (des brunes)
le bruit du TGM qui passe
les oranges un peu partout (comme les lauriers, ces odeurs-là)
les portes ouvertes de la Dauphine
la marque du ouichki – les deux petits chiens un noir et un blanc
Jojo et sa pince à linge
la bouteille de Cointreau en bas de la bonnetière de chêne (à A.)
le service en argenterie celui en cristal, le tout dans le cadre
Le notaire du Havre (Georges Duhamel), la mère et ses quatre enfants
le quitus fiscal, le passeport avec les photos des enfants
il y avait école et l’après-midi on allait sur la plage sans se baigner, un chemin à l’arrière du lycée, escarpé, y conduisait – le type (peut-être le concierge) qui passait à dix heures avec des pains au chocolat en criant « je suis là » – le cahier d’écriture qu’on ouvrait par la fin pour apprendre à écrire l’arabe – (légende : le premier jour, en onzième, je suis resté à pleurer assis sur les marches de l’école, sans entrer en classe toute la matinée) –
on y retournait le soir, à la plage
on y allait le midi
pas sur celle-là mais à Gamarth, on voyait le marchand de beignets (bomboloni) qui portait son plat sur sa tête (ça ressemblait plus au nan pakistanais qu’au beignet italien – les petits morceaux de sucre cristallisé collés là par la chaleur)
pour aller voir les grands-parents, on passait par l’intérieur, des check-points avec sacs de sable entassés et machines de guerre – le souvenir d’être les 4 dans la quatre chevaux
reconstituer le chemin vers l’aéroport
(racontée hier) la raclée administrée à mon frère pour avoir échoué au certificat d’études – puis l’annonce par L. (la femme de E.), sans doute par téléphone, de sa réussite
les gros cailloux
s’efforcer de paraître normal
sa maladie, quelle maladie ?
son père, où est-il ? je n’en ai jamais connu qu’un, de grand-père
son nom de famille (le mien) comme quelque chose d’un marquage
tout est changé, plus rien n’est normal – le pire sera le froid – on ne sait rien
tout est tu sur la maladie, la guerre, la perte, le nom, l’ancien temps (ce n’est pas que ce soit tellement tu, mais c’est effacé des souvenirs) – c’est tu
les bombes de l’OAS (la guerre encore ? ) (racontée il y a longtemps : les compagnons de lutte soldats du même bataillon/régiment j’en sais rien qui venaient le voir à A.)
il s'agit certainement d'un exercice - je n'ai pas exactement compris la consigne, je n'ai pas relu ma contribution au parpaing (j'ai vaguement assimilé quand même que Tarkos ne cesse de vouloir prendre le parpaing sans y parvenir jamais - une espèce d'antienne) j'ai essayé de me fixer sur des détails - et puis sur les gros morceaux - quelque chose du travail - j'avance en tentant de comprendre - affirmer l'histoire sans doute pour retrouver cette enfance, leur histoire, à elle et à lui - je la connais beaucoup mieux - j'ai cherché des images j'en ai trouvé de l'école - des lieux - de nos jours en tentant de reconnaître quelque chose de ce temps-là (parce que rien n'a changé et que rien jamais ne changera dans ces souvenirs, peut-être)
recherche documentaire / iconographie : album cartes postales avec gens (people)
ne jamais trop croire les images (on dispose aussi sur les lieux d’une basilique Saint-Louis)
Ce qui est disjoint c’est aussi ce qui se recoupe dans notre mémoire et s’en détache, comme tu l’as fait. Beaucoup aimé, surtout les petits cailloux.
Merci à toi Helena (les petits cailloux piquaient qui nous faisaient courir comme la brûlure du sable ensuite…) (vite à l’eau !)
Foin de la consigne, Piero, cette fois, c’est plein (et non pas peu) de souvenir !
Merci pour ces images écrites.
Merci à toi Fil
chez moi c’était les zlabias mais pas de même forme que les tunisiens, eux c’étaient de gros trombones sur le plateau porté sur la tête
les nôtres étaient plutôt rondes – plus jaunes – on les achetait chez un marchand en ville… Merci de passer (et courage pour cette sacrée clavicule…)