Une nuit bleue. Une lune blafarde. Une chaussée encore détrempée par un orage récent. Des pavés luisants. Une rue sans lampadaire. Le chant furieux de l’eau. Un caniveau. Des talons hauts qui claquent ca-ni-vo-ca-ni-vo-ca… L’eau déboule et s’engouffre sous les trottoirs. T’en souviens-tu ? On n’en menait pas large ! Bateaux en papiers, bobards en goguette. Le caniveau. Lieu de croisière des paumés du petit matin, rigole à mégots, refuge des précipitations et des chutes. Le caniveau. Sans eau, aucun panache, dominé par le trottoir. Le caniveau. Si bas, si bas… On fait le trottoir, on ne fait pas le caniveau, on tombe dans le caniveau. Va-t-on s’en relever ? Nous sommes tous dans le caniveau. Mais certains d’entre nous regardent les étoiles – Oscar Wilde