Le carrelage blanc et noir des coursives remonte assez haut sur le mur. Certains carreaux manquent. À la place, sur le béton, autour des plots de colle qui restent, des accumulations de poussière et de crasse. Pourquoi ceux-là ont disparu ? Jamais remplacés. Sur les escalators qui débouchent du centre commercial, ces longs poils noirs synthétiques qui restent mystères. Souvent, à la montée ou à la descente, avoir mis le pied dessous pour les voir se surélever. Au milieu du goudron de la rue, ces lourds et sombres couvercles de fonte marron pour pénétrer les entrailles et les fluides de la ville. Enfant tu te souviens avoir lu, gravé dessus, « Pont à Mousson ». Leur claquement sec, fort quand les employés municipaux les laissent retomber. Sur un recoin du trottoir, près d’un commerce, un peu en retrait du flot des passants, un amas de cartons dépliés et entassés. Une vieille couverture sale posée dessus. Lignes de peinture jaune de quelques mètres, très épaisse, mate, comme un nappage sur le bord du trottoir. Dans le caniveau, gris comme la ville, le cadavre aplati et momifié d’un rat. C’est tout ça qu’ils voient les yeux de ta tête sur le bitume.
Pont à Mousson…j’y suis passé une fois, trop petite. Depuis, je regarde ces inscriptions avec dans la tête quelque chose comme « s’ils savaient…la brume, la lourdeur, le froid, etc. ». Mais…était-ce bien Pont-à-Mousson…? trop petite.
Belle série de B-rolls !
Bravo et merci pour ton texte, Jérôme