Quand je l’ai vu en morceaux comme ça, j’ai eu envie de le remonter. De remettre les uns sur les autres les gros morceaux pour faire un tronc et d’assembler les plus petits pour lui refaire des branches. Il est à terre, en petits tas numérotés de un à six, un gros morceau et des petits dans chaque tas. Assassiné et démembré, partagé comme un butin, j’ai eu envie de le prendre dans mes bras, de le remonter l’arbre démonté. À terre sur la pelouse du lotissement, il était insignifiant alors qu’il culminait au moins à vingt mètres. C’est une chose que j’ai souvent remarquée, aussi immenses soient-ils, les arbres coupés ne sont presque plus rien, très peu de choses. Une fois rabattu le piège à lumière de leur architecture tient peu de place, on peut en faire des petits tas et se les partager. Il devenait dangereux, parait-il, plusieurs branches avaient séché et un coup de vent aurait pu les emporter. Stress hydrique, réchauffement climatique, pénurie de pluie. Pour quoi personne n’a pensé à l’arroser tout simplement comme on arrose les arbres et les arbustes de son jardin. Ce n’est sans doute venu à l’idée de personne d’arroser un arbre qui n’était sur la propriété de personne, juste dans un espace collectif. Pourtant si on peut se le partager, c’est bien qu’il appartenait à ceux qui vont bruler les morceaux.Il y aurait tellement d’arbres à remonter dans ma commune que je ploierais sous le poids. Le bibliothécaire du village qui est un jeune optimiste lira bientôt en public L’homme qui plantait des arbres de Giono. Je suis sûre que les gens vont adorer. Moi, je me contenterai d’avoir envie de remonter les arbres démontés. Les arbres que l’on plante mettent longtemps à pousser.
j’aime beaucoup l’idée de remonter les arbres démontés, merci. je pense que l’idée va m’aider dans je ne sais quoi.
Merci Alexia de ta lecture.