Longtemps je me suis perdue dans les villes et j’ai éprouvé l’angoisse profonde de la perte de tous repères. Quand on sait qui on est, l’espace et le moi s’accommodent. On sait où aller. Je promène mon identité incertaine à travers les villes. Je tiens les plans à l’envers. Je ne sais pas calculer une échelle. J’hésite sur la direction que m’indique le point bleu lumineux sur mon écran de téléphone. Je tourne en rond. Je suis hors du bon chemin. Je n’ai pas la notion des distances. Je suis à contretemps des indications données par le GPS. Mon instinct m’indique toujours le mauvais côté, à l’opposé de la direction à suivre. Ma raison voudrait prendre le contrepied, partir de l’autre côté. Se perdre est une vocation ou une malédiction. Je me souviens qu’enfant je me perdais dans mon lit en pleine nuit. Affolée, je me réveillais dans un lieu devenu hostile, étranger, je ne pouvais même plus trouver la lumière. Je ne reconnaissais plus rien. Épuisée, je finissais par m’étendre dans la diagonale. Je renonçais à retrouver l’endroit. La perte de repère menace l’être d’une dissolution complète. Je me protège. Je ne circule plus que dans les impasses, en plein jour.
Je ne connais que trop bien cette incompréhension du GPS – Merci pour votre texte.
Gauche, je toune à droite et vice-versa. et en diagonale dans le lit… que de souvenirs d’enfance. Merci
Contente de ne pas être seule…