C’était bien la troisième rue à gauche en descendant l’avenue qui vient de la gare. Aucun doute là-dessus et le nom de la rue était celui qu’il a lu en entrant dans celle-ci. La valise à la main, la valise à roulettes un peu en retrait comme si elle le suivait, il regarde vers le haut. Puis, il se retourne et reconnaît la maison d’en face aux volets qui étaient bleus, la couleur a un peu passé, mais c’est bien l’immeuble des C et l’appartement avec le balcon qui fait l’angle. Il ne sait pas ce que sont devenus les C. Ils sont partis ensemble il y a deux ans puis leurs routes se sont séparées par la force des choses. Lorsqu’il est arrivé à la gare, il n’a pas constaté de changement. Il a davantage ressenti ce changement en lui. Il l’a ressenti dans sa poitrine. En arrivant dans sa rue, il avait respiré profondément cependant qu’il était heureux de revenir chez lui. La valise un peu en retrait, la longue poignée dans la main, la tête courbée en arrière, il regarde le quatrième étage de l’immeuble, son immeuble, le numéro sept, parce que placé entre les numéros cinq et neuf. L’immeuble n’est plus là.
Tant de façons d’écrire sur la perte. Avec l’absence au premier plan. Merci pour ce texte.
Revenir et il n’y a plus rien, je veux dire que plus rien existe…
infiniment troublant
et tu le décris très bien, on le ressent nous aussi dans la poitrine
je me souviens que dans le cycle « Écrire la ville » d’il y a quelques années, on avait écrit dans les premiers épisodes sur un lieu qu’on avait connu avant et vers lequel on devait revenir… et bien sûr beaucoup de choses avaient changé