Trop nombreux, ils m’étouffent. Entre les souvenirs perdus et ceux que l’on s’efforce d’effacer, une pièce noire où la mère peut enfermer l’enfant, en haut d’une avenue qui porte le nom d’un saint, dans une ville prétentieuse et factice où une fois l’an on change dix fois par jour le tapis rouge d’escaliers mythiques. Ceux qui me manquent sont au tout début de cette avenue, après la caserne des pompiers, encore parallèle au grand boulevard, après la boulangerie à l’angle où s’achetaient les croissants, dans le temps où la pension se prétendant de famille n’accueillait pas grand monde, où seule une vieille cousine éloignée et veuve assumait toutes les corvées. Des graviers blancs dans les allées du jardin. Il y avait un gros chat rouquin et des rats dans les palmiers qui faisaient du bruit la nuit. L’ours en peluche aussi —Popof il s’appelait— un couple de passage me l’avait offert. Je ne pardonnerai jamais à ma mère de l’avoir fait disparaitre dans les poubelles de cette ville.
Popof et les rats des palmiers. Un chat rouquin. Des graviers blancs et ceux qui manquent. Beaucoup d’émotion à lire ces lignes sans tapis rouge, Ugo.
Bonjour Ugo,
cette colère à ne pas oublier de se souvenir, à se souvenir de ne pas oublier, en quelques lignes…
ne dirai rien de ce que j’ai aimé, sauf le oui pas de pardon pour la disparition de Popof
Nathalie, Catherine, Brigitte, merci, merci,merci.
Il semble que la disparition de l’ours marque toute la relation à la mère qui enferme quand… Court mais efficace pour dire entre.