Il y avait, il y a très longtemps, au bord de cette rue mouvementée, entouré par un espace de verdure, arbres et fleurs sauvages, un grand palais abandonné que j’appelais pour moi seule la maison grecque. Grecque pourquoi ? Aucun détail ne faisait penser à l’architecture grecque antique, même pas les colonnades fines qui entouraient la grande porte d’entrée. C´était plutôt l’effet d’ensemble, cette grande bâtisse seule, au milieu du terrain vague, disparate et vulnérable, regard perdu dans un monde qui n’est plus le sien. Abandonnée et pourtant là, à la portée de tous. Elle a commencé à renaitre sous le nez des passants, en même temps que je commençai de la perdre. Un palais juvénile peint en bleu clair, aux toits luisants tombant à pique sur les fenêtres en hublot, se dressait méconnaissable au fond d’une grande allée blanche. Chaque fois que je passe devant, je lui en veux d’avoir effacé mon vague à l’âme, nostalgie de l’inconnu, d’avoir vendu mon cœur à l’oubli. La ville est partout défigurée par ces souvenirs absents.
Consciente de ne pas avoir respecté la consigne. J'avais d'abord pensé décrire Dili, mais les villes en ou après guerre m'angoissent tellement que j'ai préféré garder tout cela pour moi, pour l'instant.
m’a donné une bribe de souvenir…un endroit ou un envers avec des réunions d’initiés de haut vol aux courtes ailes, une forêt immense de Zyeux d’enfants sortant une fois l’an de la cité de béton, rendez-vous pris, on y allait avec tous les objets ritueliques nécessaires: bouchons de canette de sodas ou de bières, textes étudiés mais non-lus, regards admiratifs d’une enfance qui refuse ne pas être. Et quand on arrivait à …non, je me souviens maintenant, nous avons tous fait le serment de ne jamais en parler. Que sont-ils devenus, eux tous?
Oui, Alexia, il y a des souvenirs qui restent enfermés au fond de nous, bien murés contre toute volonté de les révéler. Merci de votre passage et de votre lecture !
. Ces noms que l’on donne aux choses et aux êtres dans le secret de soi. La maison grecque qui se lève blanche et seule. Comme en rêve.
Oui, Nathalie, la maison n’est plus qu’un rêve, celle qui la remplace n’évoque absolument rien. Et si tu voyais l’intérieur !
Merci, chère Nathalie !
Bonsoir, Helena
La maison grecque, un souvenir qui s’est effacé… qui renaît ici par l’écriture.
Merci pour cette évocation !
Merci, Fil. Elle sera toujours liée à une part de ma vie.
merci, Helena – sans cette angoisse depuis le 24 février je ne crois pas que j’aurais lancé ce cycle, ni qu’il porte sur ce thème – c’est pour ça que ça compte, de se rejoindre en cette angoisse même…
Dès le début de l’atelier, cette étrange sensation d’écrire comme tournant le dos à quelque chose qui pèse en sourdine et qui rend tout le reste dérisoire. Donc, merci pour ces mots !