04 : 13
Nous voici quelque part en Autriche (ou peut-être sommes-nous encore en Allemagne). Le chauffeur du car nous lâche sur le parking. Il dit : « Cinq minutes. Nous devons passer la frontière avant 7h. » Les femmes font la queue devant les toilettes. Nous ne sommes que trois hommes. À l’arrière du bloc sanitaire les poids lourds dorment en épi. J’aurais aimé boire quelque chose de chaud, prendre le temps de respirer l’air de l’Autriche (ou de l’Allemagne). L’homme à côté de moi aux lavabos ôte sa chemise et se lave les aisselles, l’autre vomit dans les toilettes. La route est longue. Je ne sais pas comment fait le chauffeur pour conduire sans renfort. Appels de phares pour nous rameuter. Nous rejoignons à pas lent nos places encore chaudes. Ça sent les pieds, la banane, le saucisson. Ma voisine est une dame âgée. Ses jambes ont triplé de volume depuis le départ. Elle retourne dans la province perdue après trois mois passés dans sa famille en France, le temps que ça se tasse (tout a empiré en son absence, nous le savons bien). Elle me tend un paquet de gâteaux. Je lui dis qu’il n’en reste qu’un. Elle hausse les épaules. Hausser les épaules, depuis le départ elle ne fait que ça.
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