Terminus ligne 9. Sortie obligatoire à Mairie de Montreuil, univers différents qu’on choisisse d’émerger place Jean Jaurès, avenue Pasteur, boulevard Rouget-de-Lisle ou Paul Vaillant-Couturier. Impression de discontinuité dans un espace pourtant restreint à quelques centaines de mètres carrés. Sur google street view, collage de saisons : hiver à l’est, printemps à l’ouest.
Sortir à Pasteur c’est plonger dans la foule, axe de circulation fréquenté et lieu où l’on s’arrête (trois bars dont un tabac, une buvette). A gauche, le flanc est de la mairie, l’enclos avec le râteau où il faut bien accrocher son vélo le matin si on souhaite le revoir le soir, les bacs à compost sentent fort les jours de chaleur, des chaises longues installées depuis peu quand une buvette à ouvert ici qui ne désemplit pas. L’arrêt du bus 115 qui conduit à la chic Vincennes ou dans l’autre sens grimpe vers la cité de La Noue, jusqu’à Porte des Lilas. Le kiosque à journaux ne trouve pas de repreneur. Attention en traversant l’avenue pour acheter des clopes, poulet rôti pas cher chez le boucher hallal, (mais un autre plus bourgeois au coin, qui vend aussi ses terrines vides), un kebab. Le primeur mal achalandé, tombereaux de fruits, fleurs en pots, sapins de saison. Une coiffeuse. Le café donnant sur le carrefour, logé au bas d’un immeuble en rénovation qui se dresse sur le ciel comme une vieille dent unique: la Favorite.
On ne peut que sortir du métro par l’escalator boulevard Paul Vaillant-Couturier (route nationale 302), ainsi déboucher sous l’immeuble moderne qui fait l’angle et se voir proposer des épis de maïs chaud tirés de caddies bombés les périodes où la police fiche la paix aux vendeurs africains. Une banque, trois distributeurs de billets. Trottoir d’en face : la Favorite terrasse pleine par beau temps, le terminus du bus 129 qui lâche à intervalles plus ou moins réguliers sa cargaison de voyageurs se ruant vers l’entrée du métro avenue Pasteur ou se dispersant place de la mairie. Le boulevard conduit vers les hauteurs de Montreuil, l’hôpital, les murs à pêches, quartiers longtemps laissés paisibles aujourd’hui en pleine restructuration, densification, spéculation à cause du prolongement de lignes de métro et de tram.
Sortir boulevard Rouget-de-Lisle c’est se situer par rapport à la Croix de Chavaux, le grand marché sous la halle et le quartier prisé du bas Montreuil (desservi par les deux stations précédant le terminus). À droite, la médiathèque entourée d’un parc avec pelouses et jeux pour enfants. À gauche, la fourche dont une branche descend directement à Vincennes, l’autre c’est le boulevard Rouget-de-Lisle filant vers la Croix d’Chav’. Nombreux bus très utilisés pour rejoindre les quartiers populaires, habitations moins chères mais excentrées, les villes limitrophes de Rosny, Romainville, Noisy. Un café à l’angle. Une grande maison de maître abandonnée où logent les pigeons qui vont et viennent par une fenêtre laissée ouverte, végétation foisonnante débordant de la grille.
Deux accès métro sur la place Jean Jaurès spacieuse, ouverte et aérée. Arbres encore même si de mémoire de montreuillois il y eut massacre. Trois hautes tours rénovées, jeux de couleurs sur l’une d’entre elle. Théâtre : récent bâtiment de cubes blancs rez-de-chaussée vitré, cafétéria en terrasse. Cinéma Méliès, effet de façade métal froissé avec cafétéria à l’étage terrasse sur le toit d’un commerce. À droite descend une rue piétonne, centre commercial à ciel ouvert qui mène à la place Aimé Césaire, McDo, Carrefour, boulanger Paul. Derrière : l’hôtel de ville, haute construction géométrique de pierre claire, symétrique, surmontée d’un beffroi portant l’horloge, sympathique seulement les jours de mariages, belles bagnoles rutilantes, mariée emmêlée dans son tulle, percussions orientales, youyous.
C’est exactement ça ! Et en tant qu’usager régulier du 121 je m’y retrouve tout à fait !
Ah, donc on s’est croisés sans le savoir.
Je n’habite pas loin et j’ai mis un temps fou pour mémoriser la spatialité des rues qui partent de ces places conjointes, de ces carrefour aux rues ni parallèles, ni à angle droit, ni en patte d’oie… pour savoir où rouler à vélo, en voiture, ou même marcher sans détour d’un point à un autre.
C’est à ce savoir intime qu’on distingue les touristes ou égarés des gens du quartier, mais n’est-ce pas comme cela dans toutes les villes de ce pays?
pour le massacre des arbres, je confirme – je ne suis pas montreuillois (dieu merci aurait dit ma grand-mère) (lol) mais longtemps j’y suis allé de bonne heure)
Hélas! Pareil à Vincennes avec la nouvelle gare rer et son parvis tout propre. Préférer les expo photos (mal foutues) aux arbres ne nous protégera pas de la canicule.