Juin est propice aux rendez-vous médicaux dans la capitale pour lesquels j’arrive toujours en avance, en vélo, et comme habitant près d’une porte de Paris, souvent par les maréchaux. J’emploie ce quart d’heure d’avance de différentes façons qui d’une certaine façon sont bien plus thérapeutiques qu’il n’y parait.
Je remonte l’avenue Daumesnil depuis les maréchaux pour arriver presque au niveau de la Place, je me gare à distance du cabinet médical, sur le trottoir d’en face, je glisse mon vélo entre deux, l’attache, récupère mes affaires et me dirige vers la boulangerie pour y acheter du pain et un pain au chocolat, le banc au niveau de mon regard lorsque j’en sors est propice à l’attente transformée en dégustation, puis il est temps de traverser l’avenue Daumesnil et de rejoindre le cabinet.
Quartier Lourmel, j’y arrive également en vélo depuis les maréchaux au niveau de Balard, je lui trouve une place libre en face d’un café dans lequel j’aimerais m’arrêter mais pas assez de temps, la boulangerie d’en face fera l’affaire pour une sucrerie et du pain. La boulangère n’est pas aimable, je dois cacher ma joie de m’offrir un canelé et un pain tranché que je regrette aussitôt choisi, trop léger dans ma paume lorsqu’elle me le tend sans un sourire. Je m’assois devant un laboratoire de biologie médicale sur un rebord étroit, non loin de la porte du cabinet. Dans l’attente je fais partie du décor, en bordure de chemin une femme passe assez proche et semble ne pas m’avoir vue, est toute à sa discussion avec elle-même. C’est la sortie des classes, un grand-père pose le cartable de sa petite fille tout à côté de moi pour aller au laboratoire récupérer ses analyses alors que celui-ci est fermé. Faire partie du paysage est comme un jeu dans lequel je me glisse avec plaisir laissant presque passer l’heure pour prendre des notes, ce qui double le plaisir.
Le quartier de la bibliothèque François Mitterrand que je rejoins depuis les maréchaux par l’avenue de France. Cette fois-ci c’est pour aller chez le dentiste, pas de sucrerie avant d’y aller mais toujours un petit quart d’heure d’avance le temps de garer mon vélo sur le bord d’une double piste cyclable qui traverse l’avenue en son centre. J’emploie les quelques minutes pour aller faire un tour à La Fab. agnès b. place Jean-Michel Basquiat, entrer et sortir en quête d’une œuvre à emporter pour la journée. Voilà que j’y découvre l’artiste Claire Nicolet qui travaille autour de l’espace « Au gré de ses pérégrinations à pied dans la ville comme la campagne, l’artiste balaie le paysage du sol jusqu’au ciel avant de s’arrêter sur des détails, qui resurgiront sur les feuilles des carnets qu’elle tient depuis des années : panneaux de signalisation identiques qui jalonnent le virage d’une route, alignements symétriques de stores qui structurent des immeubles des années 70. » me décrit le prospectus glané à l’entrée, dans lequel je découvre également le concept d’hétérotopie de Michel Foucault pour désigner « tous les espaces réels extérieurs et publics intermédiaires et indéfinissables traversé par l’être humain, ‘sortes de lieux hors de tous les lieux’ s’étendant des édifices sacrés aux cimetières en passant par les salles de cinéma. » Et il est déjà temps de sortir pour honorer mon rendez-vous.
dans vos pas me suis glissée mais moi j’étais en auto, moins facile à garer. Il y avait aussi des boulangeries
Merci pour votre lecture ! Je flanchais un peu ça me redonne du courage !
Hmmm ! quel beau protocole de soins.
Dans des lieux qui me sont familiers.
Et avec du Foucault Pour finir !
Je me suis régalé.
Merci Marie !