Ce n’est pas le terminus de la ligne D4 du RER direction Sud, Corbeil Essonne. Mais un certain bout du monde pour moi qui vis dans une ville avec un centre, une certaine densité humaine et des rues commerçantes animées.
Arrivée sur un quai souterrain, haut de plafond, murs gris. Grigny Centre. Un couloir courant d’air avec affiches publicitaires. Long escalier mécanique en tête de train pour sortir vers le hall de la gare.
Dehors, la gare en contrebas d’une esplanade dégagée au sol clair et propre, prolongée par des gradins, entrecoupés, eux, de petits escaliers et de fines langues de talus herbeux. Le tout en amphithéâtre. Aucun commerce en vue. Juste quelques lampadaires, un plan vertical de la ville, genre Decaux et de rares passants, entrant, sortant de la gare. Gare isolée. Alors pourquoi avoir appelé cette station « Grigny Centre » alors qu’on est au centre de rien, qu’il n’y a qu’une seule gare à Grigny?
Du côté droit en bas des gradins, un parking à vélos sans vélo. En haut des gradins 2, 3 chariots de supermarché stationnent, utilisés comme comptoir pour la vente de brochettes, d’épis de maïs chauds, de jus de bissap. Ça sent bon la viande grillée. 3, 4 vendeuses d’origine africaine hèlent l’éventuel client. À côté, 2 ou 3 indiens vendent des lots de fruits exotiques. À quelques pas de là des mecs, jeunes et d’origine magrébine, proposent des paquets de cigarettes. Il n’y a pas foule, loin de là. Ça c’est l’après-midi.
Dans la même direction, plus loin, un rassemblement de tours carrées, vitrées, balcons, béton, une douzaine d’étages, architecture des années 70 ou 80. Standing moyen les immeubles, pas trop abimés vus de l’extérieur, seulement ternes comme cet environnement où dominent les gris de l’architecture avec des taches vertes de végétation. Entre le parvis et les immeubles, des bosquets, des arbres et une 4 voies avec un arrêt d’autobus, sans abri de verre, où attendent des gens souvent chargés de sacs. Debout et tranquilles 6, 7 personne alignées, majorité de femmes.
En face de la gare, une route à 4 voies, où peu de voitures circulent. Et puis de l’autre côté de la route, un parking extérieur, de plein pied, assez vaste. À l’entrée un porche blanchâtre pour limiter l’entrée aux véhicules bas. Sur le parking, voitures garées et nombreuses places libres. Quelques rares personnes marchent en direction de la gare. Sur le parking, presque en face en provenant de la gare, un petit café, aux vitres douteuses, où devant quelques hommes discutent entre eux. Café accolé à un bâtiment sans fenêtre ni étage : un petit centre commercial assez dégradé. À l’intérieur une seule allée avec la plupart des commerces fermés. Les seules boutiques ouvertes, cartons de légumes exotiques en vrac devant vitrines, proposent sous les néons dont la moitié sont cassés, des produits alimentaires de première nécessité.
Du côté gauche de la gare, en haut de l’amphithéâtre, un poteau avec en son extrémité perchée une enseigne lumineuse bleu roi, de volume arrondi, avec les lettres RER en majuscules et le logo rouge SNCF et le schéma d’une feuille d’arbre, vert foncé. Puis un pont où passe une 4 voies sans trop de circulation. Une route part vers un lointain où rien n’arrête mon regard qui se perd un peu dans ce décor où les différences me semblent infimes, indistinctes. Cette route comme tant d’autres dans ce paysage urbain de banlieue, bordée de talus recouverte d’une pauvre pelouse et de trottoirs déserts.