S’engouffrer. Pas un jour sans s’engouffrer. Volée de marches. Mica. Détritus. Flaques. Dans les coins. Choisir sa bouche. D’un côté du carrefour ou de l’autre. Dixième. Onzième. Dix-neuvième. Vingtième. Chacune sa touche. Son air différent. Toutes donnent dans la salle d’échange. Soit par de courts couloirs. Soit directement. On s’occupe des billets. On passe les tourniquets. Bousculades. On choisit sa ligne. Les deux lignes ont une odeur une couleur et un bruit différents. La 2 sent la ferraille. Et la brutalité. Était naguère vert et rouge. On y pense encore. Assourdissante. La 11 sent la gomme. Et la sympathie. Bleu clair. Jaune clair. Chuintante. Les deux. Jets de vapeur des freins. La 2 est presque au ras du sol. Juste un petit tunnel. Elle va sortir de terre. Prochaine station. La 11. Ligne profonde. Descendre. Vingtaine de marches. Escalators. Prochaines stations. Descendre encore. Plus profond. Escalators interminables. Lattes de bois. Parfois un musicien. Au-delà des tourniquets. Accordéon. Parfois orgue portatif. Complaintes. Sur le quai de la 11. Parfois un vieux grec. Bouzouki. Rébetiko. Assis sur un siège. Individuel. Les bancs lattes rouges. Disparus. Connaître le plan. Par cœur. La 2 . Demi-cercle. Est-Ouest. Par le Nord. Nation. Porte-Dauphine. La 11. Diagonale. Centre-Est. Châtelet. Mairie-des-lilas. Bousculade. Vitesse des pas. Et descendre. Quatre à quatre. Les quais. La 2. Ciel de faïence. Blanc. Bombé. Panneaux Belleville. Émaillés. Pendus. Ébréchés. La 11. Faïence. Blanche. Inclut le nom Belleville. Carrelage bleu. Et blanc. Plafond à poutres d’acier. Caissons. Prendre Châtelet. Sortie Arts-et-Métiers. Monter. Se serrer. Corps transpirent. Parfums. Poussettes. Trouver la place près de la porte. Rester en tête de train. Stratégie. Sortir plus vite. Trois stations plus loin. Quai recouvert. Plaques de cuivre. Hublots. Répliques. Objets du musée. Inventions. Sauter du wagon. Enfiler le premier couloir. Marcher vite. Dans le flux. Bousculades. Approcher de l’escalator de sortie. Une musique du Sahel. Percussions. Ney. Derbouka. Guitare. À mesure que l’escalier mécanique à lattes de bois monte, la musique s’amplifie et on voit un groupe de bédouins en djellabas, assis sur le sol, en face, apparaître peu à peu comme dans une vision de désert.
J’aime ce texte teinté de sons et de parfums urbains !
Merci beaucoup, Sandrine, ton retour me fait très plaisir !
j’ai tout reconnu, quelle justesse, quelle précision !
Et même je découvre ; odeur de ferraille , de gomme !
Un grand merci, Cécile !
Ma peur du métro, du souterrain ravivée à la lecture de votre texte.Un vrai pplaisir de retrouver vos textes à chaque nouvelle proposition
Bonjour Danielle
Merci beaucoup pour votre message !
J’ai toujours eu une passion pour le métro, mais je comprends fort bien qu’il puisse inquiéter.
j’aime beaucoup les deux lignes emmélées, la station unique qui est départ et arrivée, terminus et croisement
Merci, Catherine, pour ton gentil message !
Je trouve que j’ai écrit un petit peu vite…
Je cherche à rattraper mon retard, ça nuit sûrement un peu à mon texte.
Mais tant pis… je suis lancé !
Surtout si je lis Station comme terminus ! Avec nous le temps n’a qu’à bien se tenir, et lignes à se démêler toutes seules,
J’aime cette évocation du métro, et la découverte d’autres lignes que les miennes.
Merci pour ton message, Laure. Il me fait très plaisir !
Bonne journée à toi !