Quitte à descendre quelque part, il faudrait que ça soit un peu beau, pas trop raté pour les spectateurs. Comme pour les marches du Festival à Cannes où on ne montre que l’aller et jamais le retour.
Descendre dans la tombe c’est autre chose , mais heureusement on n’y est pas vraiment quand ça se passe, à moins que… ce serait fantastique… qu’on pourrait survoler l’affaire et donner des conseils pour que ce soit un peu plus beau : les larmes, les fleurs, les discours, les empoignades émotionnelles, les coups de pelle ou de truelle, arranger tout çà de façon à ne voir que le symbole sacralisé et immémorial de la séparation. Provisoire ou non selon les convictions.
Pas envie de pondre des alexandrins ou des haîkus avec de tels rituels macabres. Garder le beau vivant d’avant. Ensuite, ce n’est qu’une histoire d’agronomie et de cendres dans l’air jusqu’au pied d’un arbre, sur des gros galets blancs ou dans l’eau dans une urne biodégradable. Pour la crémation plusieurs méthodes existent , on se fait hisser sur un bûcher comme en Inde ou glisser à l’horizontale après un court trajet en tapis roulant, dans un four presque traditionnel et ultra-brûlant. Y penser en évoquant les tableaux de Frida KHALO. C’est flippant mais c’est plus beau.
Elle m’a raconté çà un jour, et je pense qu’elle fabulait ou déformait (en la grossissant)la réalité. Elle tenait le récit de quelqu’un d’autre, qui avait assisté à l’une des premières expérimentations de crémation en ville. Elle parlait de lucarnes à travers lesquelles on pouvait voir se dissoudre le corps dans tous ses états de combustion jusqu’au tas de cendres grises.
Mais en réalité la pulsion scopique ne va pas jusque là. J’ai imaginé les cauchemars après. Comme elle avait de l’humour, elle a imaginé une autre solution pour elle et son époux : Etre enfermés tout les deux dans deux amphores romaines bouchées et placées harmonieusement au fond d’un aquarium encastré dans le mur d’entrée de la maison, à la vue des voisins et des proches. Elle n’en était pas à une idée saugrenue près. On se demande où les mères vont chercher les histoires, et des histoires avec les voisins.
Quitte à descendre dans le glauque, il vaut mieux prévoir une panoplie de scaphandrier à la Jules VERNE..
Même si ça glougloute un peu trop, le costume de descente est nettement plus beau
Collage de Huguette LENDEL
J’aime bien ces descentes qui n’en font qu’à leur tête, le soin apporté aux images et cette façon légère d’aborder les drames. Des lucarnes j’en ai vu mais il ya avait quand même une boite autour des morts.
“Une boîte autour des morts” votre image me fait associer … Il faut que je me repose… MERCI pour votre prêt de lucarne !
Des marches de Cannes à la tombe il n’y a parfois qu’un trépas. Alors oui, autant descendre vers l’abime avec un beau scaphandrier .
Et surtout beaucoup de maquillage et de lifting ! Je préfère me revêtir d’un costume de scaphandrier que de mercenaire. Il est plus difficile d’accrocher des médailles qui ne flottent pas , ni ne se délavent. Au fond des tombes parfois on retrouve des vestiges de métal dont on ne peut plus attribuer l’origine. On entre alors dans le mystère et l’intrigue chère aux lecteurs et lectrices de science fiction. Pour l’instant, j’écris plus facilement les orteils au soleil en connnaissant les latitudes et les longitudes de mon grimoire.J’ai trop cotoyé les délires pour m’en offrir de nouvelles palanquées. Merci pour le clin d’oeil ! Bonne descente !
🙃merci
La tête la première Nathalie, c’est encore mieux ! Plouf !
Les images s’intercalent en tentacules qui te prennent, hagarde, se nouent à ton cou, et te font étrangement respirer ! même si l’air se raréfie, c’est un tempo plus doux qui s’instaure, une joyeuse méditation
Une redistribution d’images plutôt qu’une méditation, mais le ton joyeux est volontaire … Tant qu’il y a de la vie, il y a de quoi jouer avec la mort (pour de faux encore)… La sienne et celles des gens qu’on a dans le coeur…