Nous redescendons dans la nuit noire entaillée par les rayons de nos lampes torches, nous nous laissons tomber à pas lourds, la pente est abrupte et la descente sans cesse amortie par le sable noir qui s’insinue dans nos chaussures, celui du groupe chaussé de tongs ne palabre plus, Iddu a absorbé sa peur, il est maintenant silencieux, nous descendons au petit port d’où partent les bateaux pour rejoindre une autre des sept îles de l’archipel, le vent nous serre les uns contre les autres, le silence s’impose dans ce bleu profond, les éléments nous ont saisi de chaud puis de froid, notre corps s’impose, il est, nous coupons la mer ancestrale dans la nuit et le vent, éclairés de l’intérieur par l’incandescence du volcan, nous descendons en nous-mêmes et les mots ne s’expriment plus qu’au travers du déplacement de notre corps gorgé de soleil, de mer, de sel, de vent, de feu et de nuit qui assimile le tout à notre âme à fleur de peau, nous restons dans ce réconfort d’être ensemble, sales de notre sueur et sereins, nous sortons du bateau, il est 2h, nous descendons vers le village et le café encore ouvert, un verre, deux, trois, qu’importe, une petite place sans âge qu’abrite un grand arbre, à l’ombre de la lune qui déploie les récits de ceux qui veillent, ici l’île accueille les hommes apeurés du voyage, saoulés du dérèglement imposé par les éléments bruts, les limites s’estompent, le désir s’infiltre dans les chairs soumises aux peurs et aux secousses, nous ne pouvons pas dormir, la nuit nous tient, elle se gorge de nos sensations pour nous les rendre plus tard transformées en songes fiévreux, en nausées dans les escalators de la grande ville, en impossibilité de mener sa vie d’avant, la nuit prépare la chute, elle n’oublie pas, elle accumule en silence, elle se tait, elle attend, l’aube nous cueille à point et nous redonne au jour, neufs, fatigués, assoiffés.
Belle descente au dessous du volcan !
Merci pour ce texte.