Je descends doucement la rue, je prends de plus en plus de vitesse. Accroché à la pente, je ne pédale plus. Ne pas freiner et couper le vent. C’est agréable puis quelques secondes plus tard, on se rend compte que cela ne s’arrête plus de descendre. Il faut aviser, je freine. Je ne peux me concentrer que sur le sol et la roue avant. Les mâchoires des freins font le job, mais la partie métallique de la roue glisse et il n’est plus possible de freiner davantage. Je dépasse tous les véhicules, le cable-car glisse lentement. Je tente un coup d’œil en arrière. Immédiatement, j’y renonce, je sens le guidon m’échapper. Je ne suis en équilibre que si je regarde droit devant moi. Au fond la baie et cette sensation que je vais y plonger. La pente s’adoucit, je perds de la vitesse, un picotement sur la langue, les passants traversent la place sur laquelle je m’engage. Une dame avec son chien hésite et en me voyant, attend sur le trottoir. La place étant petite, je m’engage déjà dans la pente suivante encore plus raide. Je n’ai pas eu le temps de souffler que je repars en équilibre précaire.. Des petits immeubles filent sur mes côtés et le ciel au-dessus, le reste n’est que de la matière qui se mélange. Le son du sol sous les roues claque en cadence, accélère son tempo. Mon cœur bat.
freine !